On dit souvent que l’amour n’a pas d’âge, qu’il ne connaît pas les sévices du temps. Mais peut-il survivre à 265 ans de silence ? C’est la question que pose cette étrange histoire de lettres écrites au XVIIIe siècle et refaisant soudainement surface, surtout alors qu'aujourd'hui, écrire un mot d'amour est d'une simplicité enfantine.
Les femmes et les enfants derrière
Tout commence en 1756, alors que commence la guerre de Sept Ans opposant la France et la Grande-Bretagne (comme quoi, on ne se fight pas que au rugby). À cette période, des dizaines de milliers de marins sont appelés à aller se battre contre nos voisins, laissant à l'arrière des femmes, fiancées, mères, filles… Celles-ci, inquiètes (qui ne le serait pas ?), n’ont d’autre choix pour prendre des nouvelles que d’envoyer des lettres. Beaucoup de lettres.
Mais voilà, quand un équipage entier se fait capturer au milieu de l’Atlantique, avant d’être rapatrié de port en port jusqu’en Angleterre, certaines de ces missives ne font malheureusement que suivre sans le trouver leur destinataire, avant de se retrouver entre les mains british, et perdues à jamais.
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Des maux d’amour
Enfin jusqu’à ce qu’un chercheur français, Renaud Morieux, tombe par hasard sur un carton en travaillant, et soit le premier à ouvrir et lire ces petits textes intimes. Ici, une épouse déclame sa flamme éternelle à son mari, en lui confiant « Je passerais fort bien la nuit à t'écrire (...), ta fidèle femme pour la vie ». Une promesse d’autant plus touchante qu’elle mourra un an plus tard, avant même la libération de son mari.
Là, une mère inquiète pour son fils, lui reprochant de ne pas donner de nouvelles, de ne pas penser à sa pauvre maman aussi souvent et aussi fort qu’elle pense à lui. Un moyen sans doute de rester dans le déni alors que son pauvre enfant était enfermé quelque part, (très) probablement sans papier, bien entendu.
Ces quelques lettres tout droit sorties du passé représentent un tissu d’amour où se mêlent témoignages intimes et historiques. Des mots aussi vrais que touchants quand on sait que les véritables destinataires n’ont jamais eu vent de ces textes. Reste à savoir maintenant si quelques descendants actuels subsistent, et pourront alors y retrouver une petite partie de leur histoire. Et entre ça et les lettres envoyées dans l'espace, nous on n'est sûrs que d'une chose : l'amour est partout, tout le temps.