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Loop : remplacer le recyclable par le réutilisable

Publié le 30 janvier 2019 à 17h13

Modifié le 31 janvier 2019 à 11h52

par Jeanne Gourdon

Des multinationales ont eu la bonne idée de se réunir autour d’un projet : Loop. Un projet contre le plastique à usage unique qui a de l’avenir. On vous explique.


Vous n’êtes pas sans savoir que les restaurants, par exemple, ne jettent pas dans la poubelle à verre les bouteilles de coca. Pourquoi ? Car elles sont consignées, mises dans des boites, renvoyées à l’entreprise puis remplies à nouveau. Une belle loop (boucle en anglais). Le même concept était utilisé il y a bien longtemps avec le système des bouteilles de lait apportées chaque matin dans des bouteilles en verre puis récupérées en fin de journée. Il est plus que jamais temps de se pencher sur la question.


Alors, c’est quoi le concept de Loop ?

Le recyclage tel qu’on le connaît aujourd’hui fait difficilement ses preuves. C’est coûteux, partiellement efficace et surtout, les gens ne sont pas vraiment sensibilisés et actifs. Loop, c’est une coalition de marques et multinationales qui ont bien compris ces enjeux. Ils se sont regroupés autour de l’entreprise TerraCycle, qui veut recycler le non-recyclable et est bien décidée à convertir les consommateurs à l’utilisation quotidienne de conditionnements réutilisables plutôt que recyclables ou pire : jetables. En gros, l’idée n’est pas de recycler mais de réutiliser.


Le défi de Loop face au plastique

Tom Szaky, co-fondateur de TerraCycle, explique au magazine Fast Company : « Nous sommes aujourd’hui en charge de la plus grande chaîne de recyclage de déchets plastique de l’océan. Nous récoltons, nous traitons, puis ça repart chez Unilever ou Procter & Gamble. Mais on jette de plus en plus de plastique dans l’océan, donc quels que soient nos efforts pour le nettoyer, nous ne réglerons jamais le problème. C’est ainsi qu’est née l’idée de Loop. Pour nous, le problème ce n’est pas le plastique en soi, c’est le fait de ne l’utiliser qu’une fois. Et c’est ce que Loop va essayer de changer ».

D’abord accessible aux habitants de New York et Paris, l’idée est que le consommateur commande des produits sur la plateforme (biscuits, huile, déodorant, eau…), ensuite Loop, en partenariat avec UPS, livre les produits dans des emballages spécialement conçus par les marques pour être nettoyés, stérilisés puis réutilisés. Pas de recyclage, pas de gaspillage et pas de poubelle, tout est renvoyé dans une usine spéciale pour les remettre en circulation.


Mais tous ces allers-retours, ce n’est pas top pour l’émission de CO2, non ?

C’est vrai qu’on pourrait croire que tant de trajets en voiture pour deux ou trois bouteilles en verre, c'est pas super éco-friendly. Cependant, Tom Szaky réplique que cette empreinte écologique reste toujours plus faible que celle de la fabrication puis du transport d’un emballage à usage unique ou recyclable. Il annonce un chiffre de 50 à 70% d’économies par rapport à une solution traditionnelle. Au final, peu de consommateurs seront concernés, seulement les plus avertis, la plupart garderont leur mode de consommation habituel.


Exemple d'emballage réutilisable

Carrefour, Tesco, Danone et d’autres grandes marques joueront le jeu. Espérons que plus de marques se joignent à la danse et non pas seulement pour "verdir" leur image. En tout cas, espérons que Loop pourra chambouler la production, la distribution et la consommation des produits du quotidien. La plateforme sera lancée au printemps 2019.

 

 

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La série Adolescence sera diffusée dans les collèges et lycées britanniques

Publié aujourd'hui à 20h00

par Flora Gendrault

Downing Street l’a officiellement annoncé en début de semaine : la mini-série Adolescence, sur toutes les lèvres depuis sa sortie, sera bel et bien diffusée gratuitement dans les collèges et lycées britanniques. Une mesure initiée par le Premier ministre Keir Starmer lui-même, qui avait publiquement pris la parole pour vanter les mérites d’un programme extrêmement bien mené et instructif, soulevant des questions sociétales cruellement d'actualité


Prouesses technique et scénaristique  

Adolescence a beau n’être sortie qu’à la mi-mars, c’est peut-être déjà la meilleure série de l’année. En débarquant sur Netflix, et sans avoir pourtant fait l’objet d’une campagne promotionnelle démesurée, elle a immédiatement reçu un accueil extrêmement favorable de la presse et des spectateur·rices, et ce aux quatre coins du globe. 

Un coup de maître des créateurs, Jack Thorne et Stephen Graham, lesquels sont parvenus à mettre en scène de manière magistrale les causes et conséquences du meurtre de Kathy, adolescente de 13 ans, poignardée à de multiples reprises par Jamie, un camarade de classe du même âge. Le tout en (seulement) quatre épisodes tournés intégralement en plan-séquence, renouvelant ainsi cette technique largement exploitée au cinéma, moins sur le petit écran, autour d’un récit nerveux traitant de thématiques liées à la jeunesse. 


Dénoncer la spirale du masculinisme
 

Ces thématiques, quelles sont-elles ? Le harcèlement scolaire, la construction de genre sur les réseaux sociaux, et notamment la culture "incel", ces hommes involontairement célibataires qui accusent les femmes de les rejeter. Dans Adolescence, en immersion au cœur d’un commissariat, puis d’une école, et enfin d’une maison de famille, on comprend que Jamie (époustouflant Owen Cooper, nouveau prodige du milieu), élevé à la dure, impopulaire, s’est peu à peu enfermé dans la spirale du masculinisme, jusqu’à commettre un féminicide. Une misogynie alimentée par son activité sur Internet, où se créent de nombreuses communautés réactionnaires, séduites par la théorie du 80/20 d’Andrew Tate, selon laquelle 80% des femmes ne seraient attirées que par 20% des hommes. 


De l’ordinateur au Parlement 

Au Royaume-Uni, terre de tournage mais aussi théâtre d’attaques de même nature ces dernières années, Adolescence a connu une résonnance toute particulièrement. Jusqu’à dépasser les frontières de l’écran : la série a ravivé le débat sur l’utilisation des téléphones, mais aussi sur l’éducation, levier essentiel pour déconstruire les idéologies véhiculées sans régulation sur le web. Diffuser Adolescence au palais de Westminster ainsi que dans les collèges et lycées depuis une plateforme partenaire à Netflix, comme l’avaient publiquement encouragé la députée travailliste Anneliese Midgley, puis Keir Starmer, en marque la première étape. 

« C'est une initiative importante pour encourager le plus grand nombre possible d'élèves à regarder le programme », a déclaré le Premier ministre, qui a lui-même vu la série avec ses enfants adolescents, comme 66 millions de personnes en deux semaines sur Netflix. Un record pour une mini-série britannique ! 


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