Après avoir perdu des tableaux, le musée du Louvre est-il en train de perdre sa dingité ? À partir du 14 janvier 2026, toute personne provenant de l’extérieur de l’Espace économique européen, devra débourser pas moins de... 32 euros pour arpenter les 73 000 m² du Louvre. Pour les personnes concernées, le tarif augmente ainsi de 45%, soit 10 euros de plus que le prix actuel.
Les Américains, premier public étranger du musée, et les visiteurs chinois, troisième sur la liste, apprécieront sans doute ce changement de doctrine pour un établissement dont 69% de la fréquentation est internationale.
Le Louvre augmente son tarif d'entrée de près de 30% en 2024. En cause, une hausse astronomique de ses coûts d'énergie. Avec 8,7 millions de visiteurs attendus cette année, il renoue presque avec son affluence pre-covid. https://t.co/JRJDQNG8ZW
— Olivier Milot (@oliviermilot) December 8, 2023
Un coup de canif dans l’universalisme signé Dati
Cette mesure, validée fin novembre par le conseil d’administration, suit une recommandation de la ministre de la Culture et candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati, déterminée à renflouer les caisses du musée. Le Louvre espère ainsi récolter 15 à 20 millions d’euros par an, destinés à résoudre des problèmes structurels, de la vétusté du bâtiment jusqu’aux lacunes de sécurité mises en lumière par le spectaculaire cambriolage du 19 octobre.
Cette hausse ciblée ne passe pas du tout du côté des syndicats, qui dénoncent un abandon de l’« égal accès » aux collections du Louvre. Pour SUD, la mesure « anéantit deux siècles d’universalisme », tandis que la CGT pointe une « discrimination tarifaire aberrante » camouflant un désengagement de l’État.
Le prix plein tarif du Louvre est passé de 17€ à 22€. Cette ↗️ est symptomatique de politiques publiques qui tendent vers l'élitisme. 22€ c'est pas loin du "reste à vivre" de quelqu'un au SMIC vivant à Paris. Pour que la culture ne soit pas une variable d'ajustement ⤵️ pic.twitter.com/Kk0kNlFzCQ
— Alice Timsit (@aliceTIMSIT) February 7, 2024
Vers une révolution tarifaire dans les musées français
Autre inquiétude : le contrôle de la nationalité des visiteurs. Les agents, déjà confrontés au sous-effectif chronique, redoutent un surcroît de travail. La Cour des comptes avait d’ailleurs averti : en appliquant le tarif le plus élevé par défaut, il faudrait vérifier une quantité massive de justificatifs. Une perspective qui fait déjà grincer des dents à l’entrée du plus visité des musées du monde.
Le Louvre n’est qu’un début. D’après Rachida Dati, l’ensemble des opérateurs culturels nationaux adoptera une tarification différenciée en 2026. À Versailles, une hausse de 3 euros pour les non-résidents européens est envisagée, un changement qui pourrait rapporter 9,3 millions d’euros, même s’il n’a pas encore été validé. Le musée d’Orsay, lui, affirme ne rien prévoir pour l’instant.
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En attendant, le débat s’enflamme : moderniser les musées, oui, faire payer davantage ceux qui viennent du bout du monde pour admirer la Joconde, pas sûr. Une chose est certaine, à Paris, la question du tourisme culturel et de son financement, n’a pas fini d’agiter les couloirs.
