"Complosphère", "mégenrer", "multivers", "crush", "bader" ou encore "ghoster"... Si vous avez froncé les sourcils à la vue de ce vocabulaire, désolée de vous le dire, mais vous êtes plus vieux que vous ne le pensez. Rassurez-vous, nous non plus, on n’est pas toujours au point quand il s’agit de décrypter le langage des jeunes. Le Petit Robert, lui, se met à la page et intègre près de 150 nouvelles définitions pour son édition 2024, qui sortira en librairies ce jeudi 11 mai. Sur France Inter, Géraldine Moinard, directrice éditoriale du célèbre dictionnaire, a dévoilé, ce mardi 9 mai, la liste des mots qui viendront enrichir le recueil. Et autant vous dire qu’il y a de l’anglicisme dans l’air.
Des mots en lien avec l’actu et l’environnement
S’il fête ses 56 ans cette année, Le Petit Robert ne semble néanmoins pas effrayé par le changement ! Et pour cause, 150 nouvelles expressions sont venues s’ajouter aux plus de 100 000 déjà répertoriées dans le dictionnaire cette année. Au programme : des mots en lien avec l’actualité et les nouvelles évolutions de la société, mais aussi beaucoup d’anglicismes.
"Complosphère", "nasser", "mégenrer" : découvrez les nouveaux mots du Petit Robert 2024.
— France Inter (@franceinter) May 9, 2023
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On retrouve par exemple la définition de "complosphère" qui décrit « l’ensemble des personnes qui participent à la diffusion d’idées jugées complotistes sur Internet », ou encore "nasser", un terme apparu au cours des manifestations contre la réforme des retraites et qui signifie « encercler, retenir (des manifestants) par un cordon d’agents des forces de l’ordre ». Le mot "mégenrer" fait aussi son entrée au dictionnaire, prouvant que la question de genre est en plein cœur des préoccupations actuelles de la société. Les nouvelles définitions font également la part belle à l’environnement, puisqu’on y voit apparaître de nombreux termes relatifs au climat, comme "mégabassine", "dette climatique", "microplastique", "indice de réparabilité" ou encore "zone à faible émission".
Enfin, les nouvelles technologies se voient aussi accorder une place plus importante au sein du dictionnaire. On découvre par exemple le "métavers", qui désigne un « univers virtuel tridimensionnel persistant offrant à ses utilisateurs, représentés par des avatars, une expérience interactive et immersive », mais aussi les expressions "minage de cryptomonnaie" , "cryptoart" et "moissonnage de données".
Des termes anglais mais aussi belges et québécois
L'attrait des jeunes pour les anglicismes, propulsé par les réseaux sociaux, n’est pas un mythe : la preuve en est avec ces nouveaux mots qui entrent dans le dictionnaire. "Crush", "ghoster", "spoiler"... La langue française s'enrichit d’expressions d’origine anglophone mais aussi belges, comme le mot "gayole" qui désigne une « cage où l'on enferme les oiseaux et les petits rongeurs domestiques » ou encore « une prison ». On retrouve aussi des termes du jargon québécois comme "infonuagique" qui vient traduire l’anglais "cloud".
Je viens d’apprendre au radiojournal qu’on peut maintenant « ghoster » quelqu’un selon le Petit Robert. On peut peut-être, mais ce n’est pas très gentil.
— Marie-HélèneLabrosse (@labrossemh) May 9, 2023
Du côté des noms propres, Élisabeth Borne et Charles III ont aussi fait leur entrée dans le Robert Illustré 2024. Bref, une liste des plus fournies pour aider les jeunes, et les moins jeunes, à mieux comprendre ce qui se dit autour d’elleux.