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Les opérateurs de trottinettes paient des influenceurs pour orienter le vote du 2 avril

undefined undefined 30 mars 2023 undefined 15h34

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Flora Gendrault

Ce n’est pas la première fois que les opérateurs de trottinettes initient des campagnes afin d’influencer le vote du 2 avril : début mars déjà, Lime offrait aux Parisiens 10 minutes de trajet gratuit en échange d’une preuve de leur inscription sur les listes électorales. Cette méthode avait attiré les foudres de la municipalité, qui avait jugé la méthode certes légale, mais hautement contestable puisque peu éthique.


« Sauver les trottinettes électriques »

Cette semaine, curieusement, les messages se sont multipliés sur les réseaux sociaux, et notamment TikTok, invitant les Parisiens à « sauver les trottinettes électriques » lors du vote, tandis qu’Anne Hidalgo aimerait les voir disparaître. Derrière cette tendance se dessine non pas une mobilisation inédite des influenceurs envers les engins, mais une campagne de communication dévoilée sur Twitter par Vincent Manilève, journaliste indépendant spécialisé sur Internet et l’influence. 


Une campagne de communication dissimulée…

Le journaliste a repéré par dizaine les influenceurs appelant au vote contre l’interdiction des trottinettes : Lou Pernault (1,4m abonnés), Rayalix (589 000 abonnés), Ethan Berrebi (1,9m abonnés) ou encore le youtubeur Bastos (1,05m abonnés). Si Bastos a mentionné « partenariat rémunéré » et identifie Lime dans sa publication Instragram, Lou Pernault, par exemple, ne fait qu’utiliser les hashtags #sauvetatrott et #vote2avril, sans prévenir ses abonnés qu’elle a été payée par un opérateur pour cette vidéo.  

Lou Pernault a, depuis, rajouté les mentions, peut-être suite à la médiatisation de sa campagne. 


… et commune chez les opérateurs parisiens

Le Huffpost a souhaité s’entretenir avec Dott, concurrent de Lime et Tier, les trois opérateurs de trottinettes en libre-service à Paris qui totalisent 15 000 véhicules. L’entreprise a reconnu qu’il s’agissait d’une opération de communication commune, « financée par les opérateurs ». Elle explique que « ces publications TikTok s’inscrivent dans une campagne plus large avec de l’information dans la rue, sur les réseaux sociaux, des événements, des communications dans nos applications et un site trottinonsmieux.com qui explique toutes les modalités du vote ».

Dott insiste également sur la nécessité de communiquer via les réseaux sociaux, la campagne de la Mairie de Paris ne se faisant qu’en physique. Pour l’entreprise, ces modalités ne sont « pas adaptées aux 18-35 ans, qui ne sont pas informés de ce vote, ni de ses conséquences potentielles ». Une campagne ici encore légale, mais qui manque particulièrement de transparence, comme le dénonce Vincent Manilève


Un projet de loi pour mieux encadrer le marketing d’influence
 

Ce sujet intervient alors que l’actualité est brûlante : un projet de loi est examiné depuis mercredi 29 mars à l’Assemblée nationale afin de réguler l’activité des 150 000 influenceurs français. Partenariats rémunérés non explicités (comme c'est le cas ici), concurrence déloyale, exil fiscal, jeux d’argent ou encore produits cosmétiques douteux : les scandales sont nombreux. Cette loi vise ainsi à définir juridiquement le métier et à limiter ou punir les dérives qui y sont liées.