Un site d’extrême droite appelle à « éliminer » des personnalités de gauche

undefined 9 juillet 2024 undefined 15h00

Flora Gendrault

« Laissez les 95% de connards crever […] Bonne chasse. » Ainsi se conclut le texte extrêmement violent publié ce lundi 8 juillet sur le site d’extrême droite Réseau Libre. Sont ciblé·es des élu·es de gauche et un avocat, une journée après le second tour des élections législatives et les joyeux résultats du NFP. Moins joyeux, certes, pour les fascistes au venin dans la plume.  


Cinq personnalités à abattre 

Explicite, précis, cet article constitue un appel direct à la haine et au meurtre. Parmi les victimes visées par l'auteur, qui signe du courageux pseudonyme "Léon", quatre personnalités politiques de gauche : les députés Alexis Corbière et Manuel Bompard, le sénateur Ian Brossat et la député sortante Rachel Keke. Yassine Bouzrou, connu pour son engagement contre les violences policières, avocat de la famille de Nahel, est lui aussi mentionné. Plus grave encore, à côté des noms, Léon divulgue également les adresses. 

Plus généralement, le billet appelle à attaquer « des cibles qui assument leur statut d’ennemi » : des « avocats, journalistes, associatifs et politicards de second ordre ». Tuer, oui, mais pour « se protéger », défend l’auteur, et pour ce faire, plusieurs méthodes possibles : « Arme à feu, couteau de cuisine, arbalète, voire un manche de pioche. » Celle du terrorisme n’est pas non plus écartée : Léon aurait un « immense plaisir » à voir des djihadistes commettre une attaque similaire à celle du Bataclan pour punir les Français·es favorables à l’immigration


L’offensive se poursuit

La semaine dernière, Réseau Libre avait déjà scandalisé politiques et opinion publique en publiant une liste de 98 avocats à tuer, auxquels l’auteur, cette fois enregistré sous le pseudo "Condor", reprochait d’avoir signé une tribune dans Marianne contre le RN. L’actuel ministre de la Justice et ancien avocat pénaliste Éric Dupond-Moretti avait fermement condamné cette publication, écrivant sur X : « Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats. Je ne les laisserai jamais faire. » 

Mais alors, d’où vient Réseau Libre ? Selon le quotidien Libération, c’est un site xénophobe hébergé en Russie et lié à un militant d’extrême droite que la France a échoué à faire extrader. Ce dernier serait impliqué dans des activités de harcèlement en ligne et aurait été mêlé à des planifications d’attentats contre la communauté musulmane.


Plusieurs plaintes déposées 

Contactées par le quotidien, trois des cinq personnalités visées indiquent qu’elles saisiront la justice. « J’ai l’honneur d’être sur cette liste. Évidemment, je porte plainte », écrit le sénateur Ian Brossat sur X. Même fermeté pour Yassine Bouzrou, qui a porté plainte auprès du Parquet national antiterroriste. « Je reçois régulièrement des menaces de mort depuis plusieurs années, mais c’est la première fois qu’il y a mon adresse personnelle », a réagi l’avocat auprès du Parisien. Une enquête pouvant mener à la fermeture du site aurait été ouverte par le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) et confiée au Service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ) des Yvelines.