montmartre-basilique-rue-pave-s-pie-tons-paris-e-t

Surtourisme à Paris : un plan « choc » pour sauver la Butte Montmartre

undefined undefined 27 novembre 2025 undefined 08h30

undefined undefined 27 novembre 2025 undefined 11h44

Jérémy Pennors

Chaque année, près de 10 millions de visiteurs gravissent la Butte, soit plus de 340 touristes par habitant. Une donnée choc, mais qui éclaire bien le ras-le-bol grandissant des Montmartrois.

Face à cette situation, les élus écologistes Anne-Claire Boux et Émile Meunier alertent sur une saturation de l’espace public : files compactes devant le Sacré-Cœur, circulation bloquée, difficulté parfois à simplement sortir de chez soi. Selon eux, Montmartre ne parvient plus à absorber ce flux continu.


« Disneylandisation » en vue : les habitants au bout du rouleau

« Vous n’imaginez pas le ras-le-bol des habitants », s’emporte Émile Meunier, convaincu que Montmartre est devenu le symbole d’un tourisme dévorant, incompatible avec une vie de quartier digne de ce nom.

Les écolos promettent donc un plan d’action « choc » pour « réduire et organiser le flux », histoire que la Butte redevienne un lieu habité avant d’être un décor Instagram.

Parmi les mesures les plus explosives : sortir Montmartre de la liste des Zones Touristiques Internationales, ces ZTI qui permettent aux commerces d’ouvrir 24h/24 et 7j/7. Pour les élus verts, ce régime entretient un tourisme de masse permanent et aggrave les nuisances sociales et environnementales.


ZTI, 2CV et horodatage : qui doit partir en premier ?

Ils réclament aussi l’interdiction des 2CV touristiques, l’extension des restrictions déjà appliquées aux cars, et même un système d’horodatage pour accéder au Sacré-Cœur, comme à Notre-Dame. Dernier volet : renforcer la lutte contre les meublés touristiques avec plus d’agents de contrôle pour calmer la folie Airbnb.

Mais l’idée d’une sortie des ZTI hérisse le maire PS du XVIIIᵉ, Éric Lejoindre, qui juge cette stratégie trop radicale et craint les effets sur l’emploi. Même prudence du côté de la mairie centrale, où l’on préfère parler « régulation » plutôt qu’interdictions fracassantes.


Protéger la Butte, oui mais comment ?

À droite, on défend une autre approche : classer Montmartre en Site patrimonial remarquable pour en renforcer la protection architecturale et paysagère. Une idée sèchement refusée par la majorité, accusée de « défendre une idéologie dépassée ». Bref : tout le monde veut sauver Montmartre, mais personne n'a la même métode.

Pendant ce temps, le quartier continue d’être englouti chaque week-end par des vagues de visiteurs, des guides improvisés et une avalanche de boutiques souvenirs clonées, au risque d’effacer l’âme d’un village qui n’a jamais été conçu pour accueillir un flux aussi massif.

Et si la question était moins « comment repousser les touristes ? » que « comment partager Montmartre autrement » ? Repensée autour des usages, d’un tourisme plus doux, de circulations mieux équilibrées et d’un soutien clair aux habitants, la Butte pourrait redevenir un véritable quartier vivant.

Un lieu qui se visite, oui, mais qui surtout se vit. Et qui n’a pas à choisir entre ouverture et dignité. Avec une telle densité de touristes par habitants au mètre carré, autant dire qu'il ne faudra pas faire dans la demi-mesure.