15 % des grossesses se terminent en fausse couche. Une femme sur dix y est confrontée au cours de sa vie. Voici les chiffres de l’Assurance Maladie, méconnus, presque tabous, pourtant bien réels. Cet événement traumatisant s’accompagne de souffrances psychologiques : selon une étude publiée dans l’American Journal of Obstetrics and Gynécologie, près d’une femme sur trois souffrirait de stress post‑traumatique, 25 % présenteraient des symptômes d’anxiété modérée à sévère et 10 % souffriraient de dépression. Des résultats cités dans la proposition de loi adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale cette nuit.
Faire de la fausse couche un sujet de société
La députée derrière cette proposition de loi est Sandrine Josso, membre de la majorité présidentielle. Le 1er mars 2023, en commission des affaires sociales, elle expliquait que le « phénomène naturel » de la fausse couche, décrit comme tel par les médecins, ne justifient pas sa négligence. « C’est un enjeu réel pour la santé mentale des femmes, et, plus généralement, un enjeu de santé publique. Il est donc urgent de briser le tabou sur les fausses couches. »
💙🤍❤️Ce soir, ma proposition de loi, en faveur de l'accompagnement psychologique des couples confrontés à une #faussecouche, votée à l'unanimité, le 8 mars : tout un symbole pour les #femmes🌹@AssembleeNat @MoDem @Sante_Gouv @FrcsBraun pic.twitter.com/HrhzSzE1tm
— Sandrine JOSSO🐝🌍 (@sandrinejossoan) March 9, 2023
Un arrêt maladie rémunéré sans jour de carence
Si les femmes sont bien prises en charge par le corps médical lors de leur(s) fausse(s) couche(s), l’impact psychologique est trop souvent sous-estimé, pour la victime comme pour son·sa partenaire. La proposition de loi doit encore être examinée par le Sénat, mais en cas d’adoption, le gouvernement instaurera un arrêt maladie rémunéré sans jour de carence.
Cette « levée de carrence » devrait intervenir au plus tard le 1er janvier 2024, selon les dires de François Braun, ministre de la Santé. Les élus de gauche réclamaient un congé spécifique de trois jours de repos en cas de fausse couche, lequel n’a pas recueilli suffisamment de voix.
Un immense merci à @FrcsBraun d'avoir soutenu ma loi visant l'accompagnement psychologique des couples confrontés à une fausse couche !
— Sandrine JOSSO🐝🌍 (@sandrinejossoan) March 9, 2023
En ce 8 mars, #journeeinternationaledesdroitsdesfemmes, loi validée à l'unanimité à l'@AssembleeNat ! 💫 https://t.co/4RSjg8yGq7
Dans chaque ARS, un « parcours fausse couche »
Cette loi mettrait également en place, à compter de septembre 2024, un « parcours fausse couche associant des professionnel·le·s médicaux et psychologues hospitaliers et libéraux » dans chaque Agence Régionale de Santé (ARS). Grâce à celui-ci, les femmes et leurs partenaires seraient informés et orientés de manière systématique.
Dans le cadre du dispositif MonParcoursPsy, un psychologue agréé par l’assurance maladie devrait également pouvoir leur être attribué plus facilement. La députée Martine Étienne (LFI-NUPES) souligne toutefois que cette mesure concerne uniquement les psychologues conventionnés de MonParcoursPsy, c’est-à-dire 1 900 professionnels parmi les 88 000 en France. Elle ne prend pas non plus en compte les déserts médicaux, psychiatres et gynécologues étant pourtant « déterminants dans le suivi et l’accompagnement des personnes victimes de fausses couches ».
🔴🗣️ « Les conséquences physiques et morales des fausses couches demeurent très peu prises en charge à ce jour. [...] Le service public de la santé subit une casse organisée, les femmes sont les premières à subir les effets de cette austérité sanitaire. » - @leboucher_elise pic.twitter.com/mDCYGfIh9z
— Groupe parlementaire La France Insoumise - NUPES (@FiAssemblee) March 9, 2023