j4mhacbj9k

Mademoiselle : tout est bon dans le dernier Park Chan-Wook

undefined undefined 3 novembre 2016 undefined 00h00

undefined undefined 29 novembre 2016 undefined 15h46

Louis Haeffner

Il y a tout dans ce film. La photo, le scénario, la musique, les acteurs, la réalisation... Rien n'est à jeter, tout est à célébrer. Deux heures et quarante-sept minutes de pur plaisir. Park Chan-Wook réalise avec Mademoiselle un véritable tour de passe-passe : comme Mary Poppins et son sac, il semble que son film n'ait pas de fond, que toutes les variations du plaisir cinématographique puissent y tenir sans que sa forme ne soit altérée.


Le scénario
 

Pour faire bref sans trop tout dévoiler, il s'agit d'une histoire d'arnaque. Un faux comte japonais va séduire une belle et riche Japonaise (Hideko) pour l'épouser et ainsi récupérer sa fortune, aidé en cela par une jeune Coréenne (Sookee) préalablement engagée au service de la belle. Le plan se déroule plutôt pas mal, même si Sookee s'entiche quelque peu de sa maîtresse. Là TWIST, fin de la première partie.

critique cinema mademoiselle park chan-wook kim min-hee

Cette division en trois parties rapelle Kill Bill, qui n'est pas une mauvaise référence, vous en conviendrez. Trois parties pour une même intrigue, trois parties qui arrivent toutes au même dénouement, mais trois parties prises chacune selon le point de vue non pas d'un personnage, mais d'une association de deux personnages sur trois. Du pur génie, car le spectateur voit trois fois la même chose, mais le réalisateur porte son attention sur quelques menus détails qui changent tout et expliquent chaque fois certaines étrangetés aperçues dans la partie d'avant. Comme l'explication finale dans un Hercule Poirot, mais trois fois. Du génie on vous dit.

critique cinema mademoiselle park chan-wook jung-woo ha

Ce qui est très fort, c'est que Mademoiselle, bien qu'il en traite avec beaucoup de dextérité, n'est pas un film d'arnaque à la Ocean's elevence n'est pas non plus un film sur la vengeance comme l'excellent Old Boyqui révéla notre réalisateur, mais c'est un film sur l'amour, l'érotisme, la féminité, le don de soi. Cependant, tous les thèmes abordés au cours du récit ont chacun une importance déterminante dans l'ensemble. Tant de richesse est incroyable, me direz-vous ; il faut en effet le voir pour le croire.

On nous raconte une histoire fascinante du début à la fin, on la retourne dans tous les sens, pour finalement nous éblouir avec un happy end tellement beau qu'il en devient léger. Chapeau l'artiste.


La réalisation

Magistrale. Epique. Chatoyante. Nerveuse. Sensuelle. Tous les adjectifs du dictionnaire trouvent un champ d'application à au moins une scène du film. On notera cependant une aptitude exceptionnelle de Park Chan-Wook à électriser le spectateur lors de quelques rares mais intenses tableaux érotiques, d'une beauté naturelle encore renforcée par des dialogues savoureux de naïveté lubrique, à la limite du comique. La scène du bain est notamment à couper le souffle, l'érotisme délicat qui s'en dégage coupe les jambes, noue l'estomac, on en oublie de respirer. 

critique cinema mademoiselle park chan-wook kim tae-ri


Le casting

Bon forcément on n'en connaît aucun. Mais ils sont beaux et excellents, tous autant qu'ils sont, avec une mention spéciale pour la jeune Kim Tae-Ri (Sookee), dont ce fut le premier long métrage. Impressionnante de justesse dans ses expressions faciales, elle illumine le film de son charme naturel, là où Kim Min-Hee (Hideko) déploie plus de sophistication. Les rôles masculins sont quant à eux parfaits de sobriété, on sent nettement le cadrage du réalisateur, assez stricte généralement dans la direction de ses comédiens.

critique cinema mademoiselle park chan-wook casting


Le mot de la fin 

En sortant de la salle je me suis dit : « voilà pourquoi je vais au cinéma », d'ailleurs c'est aussi ce que j'ai dit à ma copine quand elle m'a demandé ce que j'avais pensé du film. Quand on a affaire à une telle réussite, il est très difficile d'en faire l'éloge, on a juste envie de dire au monde entier de courir le voir. Plus le film est bon, moins il semble qu'on ait de choses à dire dessus. Un seul mot me vient : chef-d'œuvre.