hm9xr2ddja

Song To Song : une merveille à la Malick

Publié le 12 juillet 2017 à 17h02

Modifié le 13 juillet 2017 à 17h51

par Louis Haeffner

Fondu de fermeture, les premiers noms en blanc se détachent sur l'écran noir... mon cœur cogne dans ma cage thoracique, j'ai un peu de mal à respirer, je dois avoir un regard de demeuré, les paumes de mes mains appuyées de chaque côté de ma tête... Peut-être est-ce aussi un peu dû à tout le vin englouti hier, mais bordel c'était incroyable ! Quel film ! 


On comprend souvent mal ce que veut dire Terrence Malick, ou on le comprend à l'envers, ou on ne le comprend pas du tout. Peut-être parce que sa façon si intime et singulière de filmer ne met rien de ses personnages en relief, on trouve son cinéma lent, contemplatif et soporifique, mais ce qui est certain, c'est qu'il est, de façon presque étouffante, beau. Après A la merveille, sorte de plongée ontologique dans l'intime du couple chiante comme la mort, et Knight of Cups, une infiltration plutôt intéressante de la communauté du show business holywoodien, Song To Song doit être envisagé comme la conclusion d'un triptyque à la portée aussi sociologique qu'humaniste. 

song-to-song-critique-terrence-malick

En effet, on suit, toujours de très près et dans des scènes comme prises sur le vif et mises bout à bout sans véritable fil conducteur (en gros ce qu'on pourrait appeler la "manière" Malick, comme on le ferait pour des peintres classiques), l'évolution de deux couples, l'un formé par Ryan Gosling et Rooney Mara, l'autre par Michael Fassbender et Natalie Portman. De backstages de la scène musicale d'Austin en appartements luxueux, Fassbender le producteur fait briller les yeux des deux wannabe musiciens que sont Gosling et Mara, qui se rencontrent au tout début du film lors d'une fête donnée par le premier. Les imbrications, les dépendances, pour faire court les rapports entre ces quatre personnages, sont l'enjeux principal du film : quels sont les sentiments et les émotions que ces personnages vivent intérieurement, pour chacun et les uns par rapport aux autres. Là où Malick est très fort, c'est qu'il parvient à conférer à ces notions abstraites des vertus esthétiques, via le jeu des acteurs et les mouvements de caméra, qui les matérialisent

song-to-song-critique-terrence-malick

Ainsi, nos personnages évoluent régulièrement dans des décors aseptysés, de magnifiques appartements vides ou des paysages naturels grandioses, qui permettent d'isoler l'humain de son environnement habituel et de se concentrer dès lors uniquement sur l'émotionnel, le ressenti, la vie intérieure des personnages, en somme. C'est un peu difficile au début, on a du mal à rentrer dedans, mais une fois qu'on y est, c'est extraordinaire de puissance évocatrice, d'une justesse rare et beau comme un poème de Verlaine. Il convient donc d'envisager ce film plus comme une expérience sensorielle et visuelle que comme une histoire qu'on nous raconte, avec un début, un climax, une fin. Il faut se laisser gagner par les images et l'ambiance musicale, y plonger sans se boucher le nez. Ici le temps n'a que très peu d'importance, on se perd d'ailleurs dans la chronologie des événements, mais ce que raconte Malick, c'est tout simplement la vie, l'amour, la colère, le désespoir, la folie, une immense variété d'émotions permise par le médium, utilisé avec une virtuosité unique, qu'est la caméra.

song-to-song-critique-terrence-malick

Qu'on aime ou pas Terrence Malick, que son film nous touche ou non, que son intention soit bonne ou mauvaise, qu'on le considère comme un charlatan ou un génie, son cinéma propose indéniablement quelque chose d'unique et de différent, qui fera vibrer quelque chose de fort en vous si vous choisissez de vous y adonner. Au pire, il pourra toujours se targuer d'avoir réuni, avec Song To Song, l'un des plus beaux castings de tous les temps... 


Song To Song
, de Terrence Malick

Avec Ryan Gosling, Rooney Mara, Michael Fassbender, Natalie Portman
En ce moment en salles

À VOIR AUSSI

À LIRE AUSSI
tsunami-europe-unesco-paris-tour-eiffel-vague-le-b

Selon la science, l’Europe a 100% de chances d’être touchée par un tsunami d’ici 30 ans

Publié aujourd'hui à 07h30

par Clémence Varène

Voilà une information qui ne risque pas de faire remonter votre niveau de joie et de bonne humeur aujourd’hui : dans le courant des trois prochaines décennies, l’Europe sera touchée à coup sûr par un tsunami. Selon les propos de Vladimir Ryabibine, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco en juin 2022, cette info n’est pas à prendre à la légère, et la catastrophe se produira quoi qu’il arrive. Une nouvelle étude vient cependant d’établir les régions les plus à risque.


Un tsunami plus que probable en Méditerranée

Les scientifiques estiment à 100% la probabilité qu'un tsunami ait lieu au cours des 30 prochaines années en Europe, et à 95% qu’il se produise en mer Méditerranée. Une catastrophe qui pourrait engendrer des conséquences dramatiques pour les villes en première ligne comme Marseille, Cannes ou encore Nice. Et plus fortement encore dans le sud de l’Espagne, selon une étude plus récente. Les régions de Valence à Malaga seraient les plus touchées, avec les îles Baléares. La côte espagnole pourrait être confrontée à des vagues de plus de 6 mètres de haut, qui atteindraient le pays en seulement 21 à 25 minutes. Malheureusement, ces dangers potentiels sont très souvent sous-estimés en Méditerranée puisqu’ils y sont rarement rencontrés. Un travail de prévention doit donc être réalisé en urgence, car le risque de tsunami ne devrait pas s’amoindrir dans les prochaines années


Élargissement du programme “Tsunamy Ready” de l’Unesco

Afin d’aider à la protection contre les tsunamis, l’Unesco a pris il y a quelques années la décision d’étendre son programme “Tsunamy Ready” à toutes les zones à risque dans le monde entier d’ici à 2030. Cela représente plusieurs milliers de sites, alors que seule une cinquantaine de villes étaient dans le collimateur ces dernières années. Le but de ce programme ? S’assurer que 100% des populations côtières à risque soient prêtes à réagir face à une telle catastrophe. « Les tsunamis de 2004 et 2011 ont été un signal d’alarme », déclarait Bernardo Aliaga, expert en chef des tsunamis à l’Unesco il y a quelques années. Balayant de nombreuses côtes de l’océan Indien le 26 décembre 2004, le tsunami le plus meurtrier de l’histoire avait tué environ 230 000 personnes dans 14 pays. Pour se préparer, il faut donc anticiper. À ce niveau, « des travaux ont été réalisés pour établir 12 centres d’alerte aux tsunamis couvrant la majeure partie de l’océan, y compris la Méditerranée », dont cinq sont placés en Grèce, en Turquie, en Italie, en France et au Portugal.


Un danger amplifié par le réchauffement climatique

Mais alors, pourquoi les risques de tsunami se sont autant amplifiés dans le monde ces dernières années, atteignant même une probabilité de 100% en Europe ? Pas besoin de chercher le coupable bien loin, il s'agit encore une fois du réchauffement climatique et de l’élévation du niveau des mers qui ne fait que s’amplifier. Une nouvelle étape catastrophique pour la Terre, qui a déjà atteint presque 7 de ses 9 “alertes planétaires”. C’est notamment ce qu’a présenté une étude datant d’il y a quelques années modélisant les tsunamis à Macao, en Chine. Elle a révélé que l’élévation du niveau de la mer permettait aux tsunamis de se déplacer plus loin à l’intérieur des terres. Bref, la Méditerranée a tout intérêt à anticiper ce danger pour pouvoir se protéger un maximum de sa gravité !


À LIRE AUSSI