À partir de combien de jours jugeons-nous qu’un vêtement porté doit séjourner dans la machine à laver ? Trop peu, si l’on en croit un guide publié en décembre dernier par l’Agence de la transition écologique (ADEME). Nous aurions en effet tendance à « laver nos vêtements plus tôt que nécessaire », alors que « les lavages trop fréquents augmentent la consommation d’électricité des foyers, la pollution de l’eau et usent plus vite nos vêtements », explique l’institution. Mais alors, quelles habitudes adopter pour enfin incarner le·la bobo écolo que vous prétendiez être avant cette funeste découverte ? On vous dit tout.
🇫🇷👕 "Laver ses jeans après 15 utilisations" : Ce que recommande l’Ademe concernant la fréquence de lavage des vêtements. (Infographie Le Parisien) pic.twitter.com/0eea3qtYbW
— Cerfia (@CerfiaFR) February 2, 2025Abonne-toi à la newsletter pour rester connecté !
Laver son jean tous les 15 jours, vraiment ?
Les recommandations de l’ADEME, reprises en infographie par Le Parisien, sont les suivantes : pour un haut en coton style tee-shirt, c'est 4 ou 5 usages avant lavage. Pour un soutien-gorge, c'est 7 usages, pour un pull en laine, 10 à 15 usages, et pour un jean, c'est carrément 15 à 30 usages.
De quoi scan-da-li-ser la brigade de l’hygiène en commentaires. « Bonjour la séduction et vive les odeurs naturelles. Ces écologistes de l'extrême me dégoûtent », fustige une internaute (visiblement de droite) sur Twitter. « De mon point de vue, c'est loin d'être idiot si l'on observe une parfaite hygiène corporelle. À savoir, une douche par mois comme le préconise l’Ademe », se moque une seconde. Their body, their choice, comme on dit.
Les recommandations de L'ADEME ont suscité nombre de réactions goguenardes voire choquées.
— Jean-Gaule POTIER (@GaulePotier) February 3, 2025
De mon point de vue, c'est loin d'être idiot si l'on observe une parfaite hygiène corporelle.
À savoir, une douche par mois comme le préconise L'ADEME. pic.twitter.com/KgizuEfnpI
L’âge d’or du "slow wash" ?
Malgré les divergences, et comme l’indique Le Parisien, ces habitudes de sobriété en matière de lavage ont néanmoins donné naissance à un mouvement baptisé "slow wash" (moins laver). La créatrice de mode Stella Mc Cartney a par exemple affirmé ne pas changer de soutien-gorge tous les jours.
Pourtant, après la polémique, même l’Ademe rectifie le tir. Contactée par Le Point – pour un article particulièrement à charge –, l’agence confirme que les informations du quotidien « étaient en cours de mise à jour » lors de leurs diffusions. Dans la nouvelle version du guide, datée de février 2025, elle ne précise aucune fréquence, seulement que « tous les vêtements ne sont pas sales après avoir été portés une fois » et accole des catégories de vêtements aux mentions « vêtements à laver après avoir été portés une fois » ; « vêtements à laver après avoir été portés plusieurs fois » ou « les vêtements à laver après avoir été portés plusieurs semaines ».
C'est drôle, tout le monde se moque, mais je trouve ça très bien ! Il ne s'agit pas tant de rappeler à Gros Dégueulasse qu'il est de bon ton de changer de slibard tous les jours, mais plutôt d'informer les jeunes (dans mon entourage ce sont plutôt des femmes il faut bien le dire)… https://t.co/NTt7qBMuSU
— SuperNo (@SuperNo) February 2, 2025
Des critères environnementaux plus qu’hygiénistes
Du côté des professionnels aussi, la question fait débat. Le Point, qui semble visiblement outré par l’existence même du slow wash, appuie son propos en interrogeant Isabelle Rousseaux, vice-présidente du Syndicat national des dermatologues et vénérologues. Du pain béni pour se moquer une nouvelle fois des préconisations de l’Ademe. « Imaginez un Parisien qui prend le métro tous les jours, qui s'assied sur un siège où un autre s'est assis juste avant, le jour où il avait une gastro… Ce n'est pas très hygiénique », pointe-t-elle. Ok, balle perdue.
D’autres, comme Mark Sumner, spécialiste du design et des textiles questionné par le Parisien, souligne le bénéfice d’un tel mode de vie pour l’environnement et le porte-monnaie. « Non seulement vous achetez moins de lessive, mais vous faites des économies d’eau, d’énergie et vous conservez plus longtemps vos vêtements qui s’abîment moins, gardent leurs couleurs et ne boulochent pas », énumère-t-il. Une pratique avec des avantages et des inconvénients, donc : entre les Mimi Cracra et les rabat-joie, choisissez votre camp.