« On vous croit », « Se acabo » ; telles étaient les inscriptions visibles sur la banderole déployée dimanche soir par Alice Coffin et Les Dégommeuses, association sportive investie dans la défense d'un football féminin inclusif. Lors du choc de D1 féminin opposant le PSG et l’OL au Parc des Princes, ces militantes ont orchestré une action se voulant « pacifique », « très calme », visant à soutenir les joueuses Jenni Hermoso et Kadidiatou Dani, qui ont dénoncé les agressions sexuelles dans le milieu footballistique. Une initiative qui n’a pas été du goût des agents de sécurité du stade, dont l’un d’eux a agrippé le bras de Coffin pour l’emmener de force vers la sortie des gradins.
La banderole disait “JENNI, KADI, ON VOUS CROIT. #SeAcabó “ On l’a remise au service d’ordre quand il a débarqué. L’action était pacifique. On a souligné c’était un message féministe, qui dénonçait des agressions, et que répondre par d’autres agressions était très symbolique. pic.twitter.com/eRpMdYXQI7
— Alice Coffin (@alicecoffin) October 2, 2023
Une « chappe de plomb » pesant sur les violences sexistes et sexuelles
Dans une interview accordée à BFM-TV, Alice Coffin explique avoir déployé la banderole pendant « une minute à une minute trente » avant de voir le service de sécurité arriver. La porte-parole de l'Association des journalistes LGBT (AJL) explique avoir immédiatement coopéré en donnant la banderole : « s’en est suivi un déchaînement vraiment violent […] Ils étaient là pour faire mal, quoi. » Des actes capturés par une vidéo largement relayée sur Twitter, qui documente cette « riposte violente » remarquée au sein de la sécurité du PSG. « On a souligné que c’était un message féministe, qui dénonçait des agressions, et que répondre par d’autres agressions était très symbolique », a indiqué Alice Coffin.
💬 "S'en est suivi un déchaînement vraiment violent"
— BFMTV (@BFMTV) October 3, 2023
➡ Alice Coffin (@alicecoffin) raconte comment elle a violemment été prise à partie par le service d'ordre du Parc des Princes, après avoir déployé une banderole en soutien à des joueuses pic.twitter.com/og5dDihsua
Les Dégommeuses ont également dénoncé cette réponse disproportionnée, évoquant « la brutalité subie hier soir », qui permet de démontrer « la chappe de plomb qui pèse sur les violences sexistes et sexuelles dans le foot en France ».
[COMMUNIQUE - THREAD]
— ⚽️Les Dégommeuses✊🏾 (@LesDegommeuses) October 2, 2023
La brutalité subie hier soir au Parc des Princes démontre la chappe de plomb qui pèse sur les violences sexistes et sexuelles dans le foot en France, alors que le #metoo espagnol secoue toute la scène internationale 1/3 https://t.co/0Bu3IjjQwn
Complaisance avec les agresseurs
Cette action intervient alors que plusieurs joueuses se sont fait agresser ces derniers mois dans l’enceinte d’un stade de foot ou par un de leurs supérieurs hiérarchiques. Jenni Hermoso a été embrassée de force par le patron de la Fédération de football espagnole Luis Rubiales lors du sacre de l’équipe nationale le 20 août dernier, entraînant sa démission. Kadidiatou Diani, elle, a récemment porté plainte pour agression sexuelle contre Didier Ollé-Nicolle, ex-entraîneur du PSG. Depuis, il fait l’objet d’une enquête par le parquet de Versailles.
Une semaine avant, le 24 septembre, dans ce même stade mais lors du match de ligue 1 PSG-OM (4-0), plusieurs chants homophobes ont été entonnés par des supporters franciliens contre le club marseillais. Pourtant, cette fois, pas de réactions de la sécurité ou d’indignation de la part des joueurs : « Le PSG vous êtes manifestement beaucoup plus cool avec des chants homophobes qu’avec les 'on vous croit' qu’on a scandés », a conclu Coffin dans ses publications.
On attend la même démonstration de force dans les tribunes la prochaine fois qu'une banderole homophobe est brandie par des supporters, oh wait 😒
— Maëlle Le Corre (@Mae_lcr) October 2, 2023
Soutien total @LesDegommeuses @alicecoffin https://t.co/FxySoikyh8
Le service de sécurité, lui, se justifie comme il peut : une source au sein du PSG confie au journal Le Monde que les agents ont pour mission d’intervenir dès qu’une banderole qu’il n’ont pas contrôlée est déroulée dans le stade. Or, cette banderole-là leur avait été cachée à l’entrée du Parc des Princes, précise le club. Autre règle : les banderoles ne doivent pas concerner d’autres joueurs ou joueuses que ceux ou celles présents ou présentes sur la pelouse. La « réaction disproportionnée » de l’homme sur la vidéo est toutefois concédée par son chef, qui a repris le dossier en main quelques minutes plus tard.