Alors qu’Anne Hidalgo écrasait une larme hier soir à Lima lors de l’annonce officielle de la victoire de Paris (sans trop de suspense), certains manifestaient et criaient « Non aux Jeux Olympiques en 2024 à Paris ». Les anti-JO pointent le bout de leur nez : la lutte commence. Alors, pourquoi on se fight ?
« C’est le début de la résistance », se réjouit Frédéric Viale, membre du collectif NON aux JO 2024 à Paris. Ils étaient une centaine hier soir au parc de Bercy pour protester contre la décision du CIO. « On dénonce cette gabegie financière, il y a aura des dépassements budgétaires considérables, c’est certain. » Pour ce mouvement dont la pétition a déjà recueilli plus 30 000 signatures, la question n’est pas d’aimer ou pas le sport mais de savoir ce qui va être "sacrifié" pour aller au bout de ce projet. « Ce n’est pas la fête du sport mais la fête des sponsors » martèle-t-il. Pour le collectif, il aurait fallu penser le projet en mettant en avant le vrai besoin des populations. Frédéric Viale résume ça en une phrase : « Quand il faut planter trois arbres, on fait appel à la démocratie participative, par contre quand il s’agit de gros projets qui impactent lourdement les gens, là il n’y a pas de dialogue. » Du côté de la Mairie de Paris, aucune discussion n’a été engagée avec les anti-JO mais un élu, Jacques Boutault, maire du 2e, soutient la cause.
Le maire anti-JO du 2e
Porteur de l’opposition au projet des JO à Paris, cet élu EELV souhaitait un référendum auprès des Parisiens. Bon, ça n’a pas marché. Le service de presse de la Mairie du 2e rappelle que chaque pays organisateur « explose les budgets » et que c’est « le contribuable qui paye », évoquant l’exemple de la Grèce en 2004. Autre point avancé : les sponsors qui ne payent pas leurs impôts en France. Dans une tribune accordée à Reporterre, Jacques Boutault explique que le dispositif exonère d’impôts les entreprises partenaires des Jeux Olympiques. Sans compter, selon eux, ce que ça va générer dans le centre-ville de Paris qui devra accueillir une masse de touristes considérable. « Comment les loger et de quelle façon les loyers vont augmenter ? », s’interroge-t-on du côté du 2e. Mais dans le 12e aussi, les JO font du bruit.
2,5 hectares de parc en moins
Si Paris possède déjà 95% des infrastructures nécessaires à l'organisation des JO-2024, à Bercy le paysage va changer. Le projet d’Arena II comprend la construction d'une enceinte sportive de 8 000 places à proximité de l’AccorHotels Arena pour accueillir des épreuves de lutte et de basket. « On va perdre 2,5 hectares d’espaces verts, déjà qu’il n’y en a pas beaucoup à Paris », s’agace Patrice Maire, de l’association Monts 14 qui se bat pour préserver le paysage parisien. Il défend les lieux de vie qui rythment un quartier : « c’est un espace des possibles, un lieu où les Parisiens peuvent pique-niquer, s’allonger dans l’herbe, se remuer ou jouer au foot ! » Munis de leurs banderoles, les anti-JO ont engagé une lutte qui devrait prendre un nouveau visage dans les mois à venir. « Ça va dépendre de l’attitude des politiques et de quelle façon on est pris en considération, sinon on va faire du raffut pendant les JO, c’est sûr », avertit le président de l’association. Une affaire à suivre donc. On est dans les starting-blocks !