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Après la mort de Paul Varry, le ras-le-bol généralisé des cyclistes (nous compris)

undefined undefined 30 octobre 2024 undefined 08h30

undefined undefined 30 octobre 2024 undefined 09h29

Clémence Varène

© Hugo Dominguez
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Il y a quelques jours, Paul Varry, 27 ans et cycliste assidu, perdait la vie sous les roues d’un automobiliste qui n’a pas su contrôler un coup de chaud. Depuis, les autres adeptes du deux-roues sortent du silence, notamment en utilisant le #JeSuisPaul sur les réseaux. En cause, une agressivité croissante dans les rues de la capitale, qui ne laisse personne indifférent, et certainement pas nous.

En tant que cycliste (quasi) quotidienne de Paris, je ne suis pas très surprise en faisant défiler sur X les nombreux tweets qui témoignent de comportements inadaptés, voire violents et dangereux, des autres usagers de la chaussée. D’un « salope » lâché par un piéton qui, sorti de nulle part, décide de traverser en dehors des clous, à un chauffeur de taxi légèrement nerveux qui vient gentiment tapoter nos genoux alors qu’on est coincé entre deux voitures, craignant pour sa belle carrosserie, en passant par un VTC qui ouvre sa portière d’un coup, vous faisant valser par-dessus, et en ayant l’audace de vous insulter par la suite alors que vous êtes au sol avec un vélo en mille morceaux, je pourrais vous donner des exemples par milliers, et je suis loin d’être la seule. Une situation bien trop courante, qui a pris une tournure dramatique le 15 octobre dernier, et à laquelle il est grand temps de mettre fin.


Un phénomène devenu trop courant

Il y a 10 jours, Paul et sa petite reine passaient sous les roues d’un SUV, choquant les milliers de cyclistes qui arpentent chaque jour les rues de la capitale. Une situation terrifiante, et pourtant pas si surprenante que ça, à en croire les témoignages par centaines de personnes ayant vécu des situations similaires. Car si l’événement a été traumatisant, il a aussi permis de délier les langues concernant un véritable problème de société de plus en plus important.

En quelques années, la pratique du vélo a explosé à Paris, progressant ainsi de 48% entre 2019 et 2023. Une excellente nouvelle pour la planète, qui entraîne malheureusement une cohabitation difficile entre autos et bicyclettes, bien évidemment le plus souvent au détriment de ces dernières. Et pour cause, même si certains ont visiblement du mal à le comprendre, un petit cadre en métal face à une voiture de plus d’une tonne, ça ne résiste pas. Et celui qui est dessus, n’en parlons pas, même avec un casque.

Et si l'on aurait pu espérer que le cas de Paul calme un peu le jeu, malheureusement, même la mort d’un cycliste ne semble pas ralentir les choses, mais au contraire envenime des relations déjà tendues entre les pédaleurs et les conducteurs. C’est en tout cas ce que démontrent certaines réactions. J’aimerais par exemple citer cette personne pleine d’esprit qui, alors qu’un cycliste partageait sa colère sur Twitter, lui a répondu « tu croiseras ton suv un jour ou l’autre mdr ». Visiblement, pour l’intelligence et la compassion, on repassera.


Quand les langues se délient

Si, la plupart du temps, les petites altercations entre cyclistes et automobilistes s’arrêtent à quelques insultes et éventuellement un doigt en l’air, parfois cependant, la situation dégénère. Passages à tabac, menaces de mort, et, dans certains cas, écrasage en règle. Une situation d’une violence terrible, qui rappelle à tous les usagers que, oui, les accidents, ça arrive, mais les incidents volontaires aussi, et c’est tout de même bien pire. Et si, malheureusement, il aura fallu en arriver jusqu’à la mort d’un jeune homme de seulement 27 ans, l’infime bonne nouvelle, c’est que cela a permis de mettre ce sujet au cœur du débat public.

En témoignent les centaines et les centaines de vidéos qui fleurissent sur les réseaux, montrant des situations toujours plus ubuesques et dangereuses, où l’on constate que les chauffeurs se prennent souvent pour les rois du monde. Petit conseil, si vous êtes déjà un cycliste parisien un peu énervé par ce genre de comportement, évitez d’y jeter un œil, ça risque de ne pas améliorer la situation. On constate aussi une multiplication des appels à témoins et des alertes lancées par différentes associations, comme Paris en Selles, dont Paul Varry était un membre très actif, ou bien la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Et il semblerait que ça marche (un peu), puisque le ministre délégué chargé des Transports, François Durovray, a reçu certaines de ces associations le 21 octobre dernier. Une rencontre encouragée par de nombreux cyclistes, comme par exemple @LCyclable, donc je dois dire que je trouve le message assez percutant (à écouter juste en dessous !). 

Alors attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, bien sûr que les cyclistes ne sont pas toujours les pauvres victimes, et que certains d’entre eux n’hésitent pas à investir les routes et à faire comme bon leur semble au détriment des autres usagers. Les idiots existent partout, et malheureusement, les conflits sont sans doute inévitables alors qu’autant de personnes se partagent les axes de la capitale. Gardons tout de même en tête que le vélo reste un moyen rapide, écoresponsable et sympa de se déplacer. Et on tient aussi à rappeler que selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, plus de 200 cyclistes ont perdu la vie en 2023, et que dans 75% des cas où un tiers est impliqué, il s’agit d’une voiture ou d’un véhicule utilitaire. On espère donc que Paul, fervent défenseur de la petite reine, n’aura pas succombé en vain, et que cet événement, aussi traumatisant soit-il, permettra enfin d’envisager une circulation partagée plus apaisée et respectueuse, qui permettra de protéger un peu plus les plus vulnérables. L’espoir fait vivre…