Les cafés et bistrots classés au patrimoine culturel français

undefined undefined 3 octobre 2024 undefined 13h00

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Flora Gendrault

Le ministère de la Culture a enfin rendu justice aux monuments culturels préférés des Parisien·nes. Dans la liste du patrimoine culturel immatériel français, à côté des savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain, de l’alpinisme ou encore des fêtes du feu du solstice d’été dans les Pyrénées, ne figuraient pas nos établissements de prédilection pour se poser, discuter et festoyer à toute heure de la nuit ou de la journée : les bistrots et cafés, bien évidemment. C’est désormais chose faite : « Les pratiques sociales et culturelles dans les bistrots et cafés en France» ont été officiellement inscrites fin septembre 2024 à l’inventaire. On a failli attendre. 


Qu'est-ce que le Patrimoine culturel immatériel français ? 

En 2003, les efforts des États membres de l’UNESCO engagés pour la sauvegarde du Patrimoine immatériel ont abouti à l’adoption de la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel. Cette Convention est régie par le droit international.

Ce Patrimoine comprend les traditions orales, les arts du spectacle, les connaissances et les savoir-faire liés à la nature ou à l’artisanat, et les pratiques sociales. Pour être inscrit sur la liste du PCI, une expression ou une tradition vivante doit être représentative, traditionnelle et contemporaine à la fois, inclusive et fondée sur les communautés. C’est donc tout naturellement que l’association Bistrots et cafés de France militait pour voir ses monuments culturels bien-aimés se hisser parmi la liste des 500 pratiques culturelles inscrites jusqu’à présent. 

« C’est une grande satisfaction d’avoir fédéré toute une communauté d’intellectuels, d’artistes, de professionnels et de simples habitués autour de ces lieux essentiels dans la vie des Français, mais aussi d’avoir convaincu le ministère de la Culture de la nécessité de préserver ce patrimoine et d’en assurer la transmission », a réagi le président de l’association Alain Fontaine chez nos confrères d’Actu.Paris


Les cafés et bistrots en danger 

À Paris comme partout en France, on en croise dans la rue puis dans les œuvres culturelles, films, livres, chansons d’Eddy Mitchell, de Renaud ou de Brassens, on y fabrique des souvenirs, on y chante, danse, pleure, on y rencontre des personnes qui deviendront inoubliables, bref, on vit dans nos bistrots. Pourtant, la pérennité de ces monuments semble compromise : les cafés sont clairement en danger. On en comptait plus de 200 000 dans les années 60, tandis qu'aujourd’hui, il en reste à peine 36 000

En mai dernier, dans le cadre d'une enquête du Bonbon, Alain Fontaine défendait que cette inscription donnerait une « légitimité culturelle importante » aux bistrots. Désormais officielle, et malgré la portée majoritairement symbolique de la liste, c'est donc un premier pas encourageant vers la sauvegarde de cet art de vivre si particulier. « Il flotte dans nos cafés et bistrots de France un air particulier, une atmosphère volatile », insiste l'association Bistrots et cafés de France sur son site. À quoi cette atmosphère tient-elle ? « Tous les jours, se joue une pièce de théâtre improvisée, avec des clients de toutes origines comme acteurs principaux », mais aussi « parce que les cafés et bistrots sont des lieux de liberté, où la parole du peuple français commente la vie politique, où se forgent les mouvements artistiques. » À terme, l'association souhaite créer une Journée nationale des bistrots et cafés