Alors qu’il semble que les arbres fleurissent à vitesse grand V un peu partout dans la capitale, avec par exemple 15 000 spécimens plantés l’hiver dernier à Paris, on note cependant quelques informations contradictoires, avec l'abattage d’une centaine d’arbres dans les rues de la capitale depuis le 24 février dernier. Un processus surprenant, qui devrait se prolonger jusqu’au 7 mars. Mais alors, pourquoi autant de ces belles plantes connaissent-elles une fin précoce ? On vous dit tout.
Des questions sanitaires avant tout
Depuis quelques jours, des panneaux fleurissent un peu partout dans les rues de Paris, plus ou moins nombreux en fonction des arrondissements. Sur chacun, on peut lire « Ici, un jeune arbre va être planté ». Ces petits écriteaux pleins d’espoir se trouvent pourtant à côté de scènes de crime absolument scandaleuses, alors que l’écologie est devenue aussi essentielle : des souches d’arbres adultes coupés.
« Les arbres ne sont pas adaptés à la ville » : pour des raisons sanitaires, Paris abat à tour de bras.
— Enzo Morel (@mtwit75) March 4, 2025
Durant deux semaines, entre le 24 février et le 7 mars 2025, pas moins de 125 arbres vont être abattus à Paris pour des raisons sanitaires. « À cause du manque d’eau, les… pic.twitter.com/PNmGrjpllZ
Des mesures assez drastiques donc, que la Mairie de Paris justifie en évoquant la plupart du temps des risques sanitaires. Pour justifier le concert de tronçonneuses qui tournent à tout-va, Alexis Boniface, co-président du groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et responsable de la filiale francilienne, explique : « La Mairie de Paris a peur que les arbres tombent dans la rue, du coup ils abattent ». Les cadavres sont ensuite remplacés par de jeunes pousses fringantes, histoire de compenser.
Dans le cadre de ces mesures de protection des rues et de leurs habitants, ce sont donc en moyenne 3 000 arbres qui sont chaque année tués dans Paris, sans aucune autre forme de procès. Un chiffre qui peut paraître assez important, mais qui, selon la Ville, est plus comparable à une goutte d’eau, quand on sait que la capitale en compte plus de 200 000. Le nombre d’arbres abattus s’élève donc à 1,5% de leur nombre total. Pourtant, même si la proportion est faible, et que les arbres sont remplacés, ça reste loin d’être une bonne nouvelle.
« Les arbres ne sont pas adaptés à la ville » : pour des raisons sanitaires, Paris abat à tour de bras.
— Enzo Morel (@mtwit75) March 4, 2025
Durant deux semaines, entre le 24 février et le 7 mars 2025, pas moins de 125 arbres vont être abattus à Paris pour des raisons sanitaires. « À cause du manque d’eau, les… pic.twitter.com/PNmGrjpllZ
Un mauvais traitement des arbres
En effet, nombreux sont ceux à s’indigner de cette élimination d’un trop grand nombre d’arbres, qui résulte selon eux d’un mauvais traitement de ces derniers, et se transforme peu à peu en aberration écologique. Pour Marie-Catherine Arrighi, coprésidente de l’association Protection Arbres et Faune dont elle est référente en Île-de-France, il faut compter 100 jeunes pousses pour combler le vide laissé par un arbre adulte. Il est donc beaucoup plus urgent de s’assurer de la bonne protection de ceux déjà en place, plutôt que de simplement les remplacer en imaginant que ce sera la même chose.
Selon Baptiste Gianeselli, défenseur du patrimoine parisien sur X, ce mauvais traitement des arbres est notamment dû au fait que la Ville a retiré la plupart des grilles qui se trouvaient au pied des arbres. Des équipements supprimés notamment en raison des nombreuses manifestations qui ont eu lieu dans la capitale ces dernières années, qui permettaient cependant de protéger les racines, tout en leur permettant un accès à l’air libre, et donc aux apports dont les arbres ont besoin.
À Paris, des arbres fraîchement plantés peuvent être abattus « par erreur ». C’est arrivé rue Claude Bernard et c'est inacceptable !
— Florence Berthout (@FBerthout) January 18, 2025
La gestion des arbres par la Ville est incohérente et je demanderai un audit externe du service de l’arbre au prochain conseil de Paris. pic.twitter.com/i5J69iY8AD
Un manque d’entretien réel, qui passe également parfois par un manque d’approvisionnement en eau, qui a poussé dans certains cas la Mairie de Paris à devoir supprimer des arbres qu’elle venait à peine de planter. Un phénomène qui s’est multiplié le long du périphérique et qui touche certains arrondissements plus que d’autres, comme le 13e et le 15e, où seront réalisées le plus de coupes d’ici au 7 mars.