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Ces (jeunes) électeurs bannis des listes électorales

undefined undefined 25 avril 2017 undefined 00h00

undefined undefined 26 avril 2017 undefined 09h56

Tiana Rafali-Clausse

Bon, pas besoin de vous faire un dessin. Dimanche dernier a eu lieu le premier tour des présidentielles françaises. On espère que la plupart d’entre vous vous êtes déplacés pour mettre votre petit bulletin et s’entendre dire « a voté ». Oui ? C’est bien et ce serait génial que l’histoire s’arrête là. Seulement au fil de la journée, des statuts Facebook et autres témoignages de copains sont venus ternir (encore plus) le tableau : certains électeurs ont été radiés des listes électorales sans qu’ils ne sachent comment ni pourquoi. Alors on a essayé de savoir comment et pourquoi, justement.

Breaking news : aucune des mairies franciliennes que nous avons contactées n'a souhaité s'exprimer sur les raisons pour lesquelles des citoyens ont été empêchés d'exercer leur droit, que dis-je, leur DEVOIR de vote. D'autres mairies comme Strasbourg en revanche, ont quant à elles évoqué les traditionnelles mises à jour de fichiers conduisant à une radiation des habitants "n'habitant plus à l'adresse indiquée" (16 042 personnes dans cette ville). 

« La France est l'un des rares pays européens où l'inscription sur les listes n'est pas automatique à la déclaration d'une nouvelle adresse de résidence », déplore auprès de L'Express Jean-Yves Dormagen, co-auteur avec Céline Braconnier de l'ouvrage La Démocratie de l'abstention.

Après chaque déménagement - trois millions de Français déménagent chaque année, source Le Monde - il faut donc veiller à se désinscrire. Mais seulement un électeur sur cinq se réinscrit effectivement dans sa nouvelle commune. Les autres deviennent des mal-inscrits. Eh là, c’est un peu comme à la roulette russe : soit tout se passe bien dans le plus démocratique des mondes, soit vous êtes radié des listes électorales. Rien que ça.


« Toi tu votes, toi tu ne votes pas »

Charlie, casse-cou parisienne de 30 ans, s’est vu refuser l’entrée à l’isoloir dimanche au bureau de vote n°36 dans le 11e. Pourtant « il y a cinq ans, j’ai pu voter dans ce même bureau de vote alors que je n’étais déjà plus domicilié dans le 11e. Avant d’y aller, j’ai verifié que j’étais bien inscrite et banco : même bureau, même numéro. Seulement au moment de voter, stupeur et tremblements, je n’ai pas pu car on m’annonce que je ne suis finalement pas sur les listes. Ils m'ont tout simplement squeezée de leur bordel en somme ».

Comme seul recours, les assesseurs du bureau lui conseillent de téléphoner au Bureau des Elections pour espérer pouvoir voter le 7 mai. Alors c’est ce qu’on a fait…

Au bout de plusieurs minutes d’attente, la secrétaire qui « ne peut pas nous passer quelqu’un d’autre, désolée » est contrariée. « J’ai changé plusieurs fois d’arrondissements sans que ça ne change rien à mon bureau de vote. Envoyez un mail à elections@interieur.gouv.fr en expliquant votre situation » est tout ce qu’elle peut nous suggérer. Ah...

D’ailleurs, elle n’a pas entendu de problèmes similaires. Pourtant comme Charlie, des millions de mal inscrits n'ont pas pu voter ce dimanche selon L’Express. Et parmi eux, le plus souvent, des jeunes entre 20 et 30 ans ! 


Les procurations fantômes

Autre problème de taille, celui des "procurations fantômes". Angela, 25 ans raconte : « Comme je suis en Nouvelle-Calédonie pour les élections, j’ai fait une procuration à ma mère deux mois avant mon départ. Nous sommes allées toutes les deux à la gendarmerie pour être certaines que tout se passe bien. Trois semaines avant le premier tour, maman va vérifier à la mairie que tout est ok sauf qu’ils n’avaient rien, nada. Elle va donc à la gendarmerie, idem : ils n’ont aucune trace de ma demande. Ils me demandent de remplir à nouveau le papier, ce que je fais depuis la NC puis de leur scanner. Sauf que je n’avais ni scanner, ni ordi à portée parce qu’on bouge tout le temps ». Pas de technologie, pas de vote ? Heureusement que très peu de jeunes Français décident de prendre le large hein ?

Rachel Saddedine, blogueuse parisienne, a elle aussi raconté sa mésaventure dimanche après-midi via un live Facebook, aujourd’hui viral. La jeune photographe a été contrainte de se déplacer au Tribunal d’Instance d’Asnières parce que sa demande d’inscription aux listes électorales (pourtant faite en novembre dernier) n’a pas été prise en compte.

« A priori il y a 3 800 personnes à Asnières qui ont été radiées soit 12% de l'électorat à Asnières et Clichy » explique-t-elle. Pour son petit-ami, c’est « une abstention organisée ». Contactée par nos soins, la mairie d’Asnières n’a malheureusement pas confirmer ou infirmer ces chiffres puisqu'elle n'a pas donné suite à nos sollicitations… 


Et maintenant ?

Devant le silence des institutions publiques, des citoyens organisent samedi 29 avril un grand rassemblement dans plusieurs villes de France. Ils appellent le plus grand nombre à se révolter contre « les irrégularités du scrutin du 23 avril 2017 ». En parallèle, une carte des "empêché.e.s du vote" au 1er tour de l'élection présidentielle (radié.e.s des listes, non inscrit.e.s, procuration non arrivée, etc.) élaborée par les internautes recense les municipalités où des dysfonctionnements ont été signalés.

Le collectif "Recours 2017" va encore plus loin en lançant une pétition pour « une commission d’enquête sur le résultat des votes présidentielles ».

En espérant pouvoir faire entendre ces voix, à défauts des autres… La suite au prochain épisode.