« Téma la vache ! » disait Vinz à Saïd il y a vingt ans, dans La Haine. Et pourtant, cette technique d'inversion des syllabes ne date pas d'hier. Le Bonbon opère un petit retour historique sur l'invention du verlan.
L'écrivain et philosophe François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire, était déjà dans le turfu au XVIIIe siècle puisqu'il a choisi ce nom en inversant tout simplement les syllabes de la ville d'Airvault, située dans le département des Deux-Sèvres. Pour aborder sa relation avec Denis Diderot, qu'il surnommait Platon, il l'appelait "Monsieur Tompla".
Puis plus tard, au XIXe siècle, l'argot se répand chez les prisonniers, puis pendant la Seconde Guerre mondiale, le verlan est utilisé par les Français pour tromper les Allemands. C'est l'écrivain Auguste Le Breton qui mettra un mot sur la pratique en publiant Du rififi chez les hommes en 1953, écrivant "verlen" ou "vers-l’en".
Le procédé s'immisce chez les blousons noirs, ces jeunes fans de rock, qui jouent les rebelles et l'emploient fréquemment dans les années 60. Côté musique toujours, Jacques Dutronc chante « j'avais la vellecère qui zéfait des gueuvas » (on vous laissera traduire). La chanson ne rencontre pas vraiment de succès mais c'est à ce moment que le verlan investit les banlieues parisiennes.
L'âge d'or de ce langage, c'est dans les années 1990, en parallèle de l'avènement de la culture hip-hop et du rap français.
Depuis, il faut reconnaître que même s'il y a quelques restes dans le langage courant (et dans le dictionnaire), le verlan a tendance à devenir un tantinet obsolète en 2017. Il y a vingt ans, on était "dans le coup" à grands renforts de "ziva" et de "portnawaq", mais aujourd'hui, on a de sérieux doutes sur la question...