Alors que, ce jeudi 4 juillet, les langues commencent à se délier autour de la table de ce restaurant italien du 16e, le constat est simple. Face à la mort, les gens ont besoin de parler. Plus encore, ils sont heureux de le faire. Pourtant, trop souvent, la société, et même souvent leurs proches, ne sont pas à l’écoute. Dans ce monde dans lequel la mort reste l’un des sujets les plus tabous et les plus complexes (il n’y a qu’à voir les débats autour de la fin de vie à l’Assemblée nationale), Happy End propose à la fois un lieu d’écoute, et une base de données pour tous ceux qui auraient des interrogations et des incertitudes quant à la fin de vie.
Une asso plus que nécessaire
Parler de la mort, ce n’est malheureusement jamais facile. Parce que l’on a peur de ne pas être compris, de faire du mal aux gens autour de nous, ou tout simplement parce qu’on ne maîtrise pas très bien le sujet. Cependant, pour beaucoup, c’est un besoin intrinsèque. De comprendre justement, mais aussi de mettre des mots sur sa douleur, de ne pas oublier, et de pouvoir tout simplement être honnête, et briser pendant quelques instants la carapace du « je vais bien » derrière laquelle on se cache trop souvent. Mais ce n’est pas toujours évident de trouver le cadre propice à de tels échanges.
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C’est dans cette démarche que s’inscrit l’association Happy End. Et parce que le sujet nous touche tous, trois parcours sont proposés : “je vis un deuil”, “j’anticipe mon départ”, ou “j’organise des obsèques”. Chacun avec son lot d’articles, de témoignages et de pistes de réflexion. Au départ un “simple” média, proposant une documentation hyper complète autour de la mort, pour aider ou sensibiliser, l’association s'est aujourd’hui beaucoup développée, pour mettre en place des espaces d’échange sains, ou les jugements et les vérités universelles sont laissés à la porte.
Le principe est simple, « trinquer à la vie en parlant de la mort », pour rappeler aux gens qu’il n’y a aucune règle concernant le deuil, et plus généralement la mort. Pas de date limite, pas de durée trop longue, pas de douleur trop intense (ou pas assez). Et surtout pas d’absence de légitimité. On pleure qui on veut, comme on veut. Une démarche plus qu’honorable, financée grâce à des dons, des partenariats, des subventions, mais aussi à toute une partie plus “professionnelle”, qui permet à l’asso de former certaines personnes, par exemple les gens travaillant en EHPAD, à la question de la mort.
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Des rendez-vous ouverts à tous
Et pour que chacun puisse s’exprimer comme il le souhaite, ce sont différentes options qui s’ouvrent à vous, dans plus de 40 villes françaises, en présentiel ou en visio. Les "Petites Veuvries entre amies", réservées aux veuves précoces. Les "Orphelinades", pour les jeunes de moins de 30 ans ayant perdu un ou plusieurs parents. Les "Cafés Compagnon", autour du deuil d’un animal. Ou encore les "Apéros de la mort", Un nom qui pourrait surprendre au premier abord, mais qui réhabilite enfin le mot "mort", trop souvent délaissé par peur de choquer. Ces moments, ouverts à tous et à toutes, servent à parler aussi bien de la perte que du deuil blanc (perte de quelqu’un qui est encore là, par exemple dans le cas de dégénérescence psychologique), ou de la mort comme concept philosophique.
Pendant 2h, nous avons eu la chance de participer à l’un de ces échanges forts, émouvants. Autour de la table, des gens de tous les horizons, de tous les âges. Certains sont là par nécessité, d’autres par curiosité. Mais tous sont bienveillants, à l’écoute et prêts à célébrer la vie autant que possible. Alors que les échanges se font, accompagnés (mais jamais dirigés) par une spécialiste diplômée du deuil, qui représente l'association, les histoires, souvent bouleversantes, s'enchaînent. Si certains viennent pour chercher des réponses, la plupart sont surtout là pour libérer la parole, et trouver un peu de réconfort auprès de personnes aptes à comprendre ce qu'ils traversent.
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Et, oui, parfois, les larmes coulent, les cœurs se serrent, les gorges se nouent. Mais on observe aussi, très souvent, des rires et des sourires. Que ce soit grâce aux anecdotes racontées, à cause de la similitude entre deux situations, ou bien tout simplement suite à la dose d’espoir qui ressort de certains témoignages, les larmes s’effacent, et la force de la vie reprend toute sa place. À la fin, un seul maître mot, sur toutes les lèvres : « Merci ». On ressort de ce moment grandis, plus humains, des questions plein la tête, oui, mais prêts à affronter la vie comme il se doit.
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