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L’égalité hommes-femmes ne sera atteinte que dans 300 ans selon l’ONU

undefined undefined 7 mars 2023 undefined 16h31

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Auriane Camus

À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, qui se tient chaque année le 8 mars, de nombreuses statistiques concernant les discriminations subies par les femmes voient le jour à travers le monde. Une façon d’appuyer la légitimité des mouvements féministes qui luttent contre les inégalités liées au genre.

Si les associations féministes sont nombreuses à lutter pour une meilleure égalité des sexes dans tous les secteurs (emploi, éducation, santé, justice), le chef de l’ONU Antonio Guterres estime néanmoins que l’objectif d’« égalité entre les sexes » s’éloigne de plus en plus dans le monde. Ce lundi 6 mars, à New York, le secrétaire général des Nations Unies a affirmé que l’égalité femmes-hommes serait atteinte au mieux « dans 300 ans ».


Les droits des femmes « maltraités, menacés, violés à travers le monde »

À deux jours de la Journée internationale des droits des femmes s’ouvrent deux semaines de débats de la Commission de la condition de la femme (CSW) à New York. Invité à prononcer un discours à cette occasion, Antonio Guterres s’est exprimé sur l’état des droits de femmes et estime que ces derniers étaient « maltraités, menacés, violés à travers le monde » et que « le progrès effectué depuis des décennies disparait sous nos yeux ». Il a également affirmé que « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus. Au rythme actuel, [l’organisation] ONU Femmes la fixe à dans 300 ans ».

Il a par exemple cité le cas de l’Afghanistan, dirigé par les talibans depuis le mois d’août 2021 et où « les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique ». Si aucun autre pays n’a été mentionné, il a tout de même déclaré que dans « nombre d’endroits, les droits de reproduction sexuelle des femmes reculent et les filles qui vont à l’école risquent d’être enlevées et agressées », faisant ainsi écho à la situation des jeunes filles en Iran. On pense aussi aux États-Unis, où le droit à l'avortement a été révoqué en juin dernier, provoquant un retour en arrière de près de 50 ans dans les droits des femmes.

Le secrétaire général a également parlé des discriminations dans le domaine des sciences, déplorant par exemple le fait que les femmes ne représentent que « 3% des lauréats de prix Nobel », avant de rendre hommage aux chercheuses Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, qui furent les première femmes à remporter un prix Nobel en sciences en 2020, alors que « des équipes d’hommes l’ont remporté 172 fois ».


Les femmes moins enrichies que les hommes

Du côté de la France, d’autres statistiques peu réjouissantes sont sorties au cours des dernières semaines, mettant encore une fois en lumière les inégalités femmes-hommes dans plusieurs domaines, notamment dans celui des finances. Selon une étude de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes sortie le 2 février, le système fiscal français, comme celui des prestations sociales, encore basé sur les revenus communs du couple, désavantage majoritairement les femmes. En gros, les impôts permettraient aux hommes de gagner de l’argent sur le dos des femmes.

Pourquoi ? Le taux d’imposition actuel, appliqué par défaut aux deux membres d’un couple, permet de diminuer les impôts du conjoint au salaire le plus élevé de 13 points, alors qu’il augmente de 6 points celui du conjoint aux revenus les plus bas. Comme on sait que les femmes gagnent en moyenne 16% de moins que les hommes, et que 3 femmes sur 4 en couple avec un homme gagnent moins que leur conjoint selon l’INSEE, il est facile de comprendre que le système fiscal est majoritairement en défaveur des femmes. Une situation qui, en conséquence, crée de la dépendance économique des femmes envers la gent masculine.


Un manque de représentation dans l’audiovisuel

Dans un tout autre secteur, l’Arcom a également sorti un rapport sur la représentation des femmes à l’écran et à la radio, ce lundi 6 mars. Si ces dernières sont un peu plus présentes à la télévision et à la radio en 2022 par rapport aux années précédentes, leur temps de parole (36%) reste encore très inférieur à celui des hommes (64%). Le sport et la politique, notamment, restent des domaines dans lesquels les femmes ont été moins visibles que les hommes. Le temps de parole politique des femmes s’élève à 29% en moyenne en 2022, pourtant année d’élections présidentielles.

Un manque de représentativité dans les médias qui vient s’ajouter aux violences sexistes et sexuelles subies par les femmes au quotidien. D’après la dernière étude du Haut Conseil à l’égalité, 40% des hommes trouvent normal que les femmes arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants, tandis qu’un quart des hommes de 25 à 34 ans estiment qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter… Des chiffres pour le moins accablants.

« Le patriarcat contre-attaque. Nous aussi. Je suis ici pour affirmer clairement et avec force : les Nations Unies se tiennent partout aux côtés des femmes et des filles », a affirmé le secrétaire général des Nations Unies pour conclure son discours.