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Le mouvement « No bra » est de retour

Publié le 1 juin 2021 à 10h03

Modifié le 28 juin 2021 à 18h57

par Manon Merrien-Joly

Le 22 décembre 2013, la présentatrice du JT de TF1 Anne-Claire Coudray apparaissait au cours du journal de 20h en robe de simili-cuir rouge qui laissait voir ses tétons. S'en est suivie une déferlante de commentaires sur le web accompagnés d'un débat absolument effarant, accusant la journaliste d'avoir voulu organiser « un coup de com' ». Elle finit par s'excuser médiatiquement en expliquant qu'elle était « vraiment désolée », espérant que « les gens n'ont pas été choqués ». S'excuser parce qu'une partie de son corps transparaît sous ses vêtements, vraiment ? Est-on systématiquement obligé de commenter chaque apparition d'un bout d'anatomie féminine (ou non), surgi à la vue de tous ?


Mouvement féministe ou diktat comme un autre ? 

Précurseuse en la matière, la campagne Free The Nipple ("Libérez le téton") née en 2012 pour promouvoir le film éponyme soulevait l'épineuse question de l'apparition des hommes torse nu tout en considérant comme "indécent" le fait que les femmes, elles, se promènent seins nus. Selon la campagne, une femme devrait pouvoir se promener seins nus en public en toute légalité sans que, culturellement, ce soit inacceptable. 

Une initiative largement relayée et soutenue à travers le monde notamment par la photographe Petra Collins, la mannequin Cara Delevingne, l'actrice et réalisatrice Lena Dunham ou la chanteuse Miley Cyrus. Aujourd'hui, l'initiative jouit encore d'un large écho, on peut même acheter sur la page Facebook un porte-clés ou une paire de chaussettes incitant tout un chacun à « libérer ses tétons ». La chance ! 

Toute ironie mise à part, le mouvement a fait tomber pas mal de barrières et de complexes et les mentalités ont commencé à évoluer, les soutiens-gorge à tomber. Enfin ! Mais il y a encore quelque chose qui me démange dans cette histoire. Évidemment, un soutien-gorge, c'est souvent l'antithèse du confort : les baleines qui rentrent dans la peau, les bretelles qui tombent, les coutures trop serrées, celui qui remonte quand on lève les bras, celui qui fait des marques arrondies sous le t-shirt, il y a une logistique pas possible à assurer tout au long de la journée. Si ça ne tenait qu'à moi, on déchirerait d'ailleurs une bonne partie des soutiens-gorge à balconnets existant sur cette planète. 

Mais considérer le soutien-gorge comme un objet d'entrave à la liberté, n'est-ce pas un peu exagéré ? Plus encore, associer le non port du soutien-gorge au féminisme, est-ce que ça signifie que si une femme en porte un, elle fait reculer le combat pour l'égalité des sexes ? Je ne milite pas en faveur du port du soutif, bien au contraire, mais avons-nous vraiment besoin qu'on nous dise quoi faire ? Avons-nous besoin d'une "tendance" supplémentaire qui n'en est pas une ? 


Port et non port du soutien-gorge : un conditionnement à double sens 

Depuis 2012, on voit fleurir sur plusieurs blogs et magazines féminins des "retours d'expérience" à propos du non port du soutien-gorge et autres « c'est décidé, je ne porte plus de soutien-gorge »En août dernier, on pouvait lire sur l'hebdomadaire Femme Actuelle un tuto nous expliquant "comment adopter la tendance braless (sans soutien-gorge) sans faire vulgaire ?"Sérieusement ? 

Sur la plateforme de blogs Hellocoton (qui appartient à Femme Actuelle), on peut également consulter un dossier entier consacré à "la vie sans soutif". Dès l'introduction, on peut lire que « la vérité, c'est qu'une femme qui ne porte pas de soutien-gorge est souvent regardée de travers » : libérer les mentalités et délivrer des complexes, d'accord, mais pourquoi en installer d'autres à grands renforts d'idées préconçues et surtout dépourvues de fond ? 

Car s'affranchir des diktats, c'est une chose, mais que fait-on des femmes qui ont une forte poitrine (ou non d'ailleurs) et préfèrent en porter ? Comment faire si on apprécie la lingerie ? Si on se sent mieux ainsi ? Le no-bra n'est-il pas un diktat au même titre que le port du soutien-gorge, s'il en constitue un ? 


Alors oui, le no bra combat l'idée reçue du "syndrome des seins qui tombent" (qui n'a finalement jamais été prouvé scientifiquement), incite chacune à accepter sa poitrine et se débarrasser de l'idéal de la poitrine ronde et rebondie. Mais sommes-nous à ce point dépourvues de libre arbitre que nous avons besoin que l'on nous dise qu' « en 2018, nous avons désormais le droit de ne plus porter de soutien-gorge » ? 

Malheureusement, il reste en France encore des progrès à faire : pour beaucoup de femmes, le port du soutien-gorge est une façon de se protéger en milieu professionnel face à une sexualisation systématique du corps féminin, et nous devons agir pour que les mentalités évoluent. Il est important de se battre pour l'égalité des sexes, pour qu'aucune femme sur terre n'ait à rougir ou s'excuser de son anatomie, mais il paraît aussi essentiel de rappeler que les clichés et les injonctions sont à double sens. Portez un soutien-gorge ou non si le cœur vous en dit, mais s'il vous plaît, n'en faites pas toute une histoire.

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par Auriane Camus

Vous vous appelez Kevin et vous en avez marre que la Terre entière se moque de votre prénom à longueur de temps ? C'est votre jour ! Ce lundi 17 mars, le plus grand rassemblement de Kevin jamais organisé se tiendra devant le Forum des images, en plein coeur de la capitale, à partir de 19h30. Et la bonne nouvelle, c'est que vous avez le droit de venir les soutenir, même si vous ne vous appelez pas Kevin.


Le rendez-vous des Kevin

Si ce rassemblement pas comme les autres a lieu à cette date, ce n'est pas pour fêter la Saint-Kevin (qui a lieu le 3 juin) mais pour marquer la sortie sur grand écran du documentaire Sauvons les Kevin, en présence du réalisateur Kevin Fafournoux, ce lundi 17 mars à partir de 19h30 au Forum des Images. Le film d'1h05 sera ensuite diffusé sur Paris Première le samedi 22 mars à 22h55, pour celles et ceux qui n'aurait pas pu assiter à l'événement.


Sauvons les Kevin

Un documentaire realisé par un Kevin, pour les Kevin et avec des Kevin, il fallait y penser. C'est pourtant le pari fou entrepris par Kevin Fafournoux, directeur artistique, motion designer, et surtout réalisateur du documentaire Sauvons les Kevin. Depuis 2022, ce dernier a entrepris une campagne de financement participatif avec pour objectif la sortie d'un documentaire autour de ce prénom si populaire des années 90. On vous en parlait d'ailleurs déjà à l'époque lorsque la campagne venait d'être lancée.

« Sous un angle humoristique, ce film aura pour but d'analyser les stéréotypes et clichés autour de mon prénom et de voir comment ils entrainent des préjugés voir même de la discrimination, explique le réalisateur sur son site internet. Avec une ambition ludique, didactique, il permettra de comprendre ce type de mécanismes, d'encourager à les déconstruire pour mieux raissonner. Et qui sait, peut-être même inverser la tendance et remettre les Kevin à la mode. »

Et bonne nouvelle, après plusieurs années de travail, le documentaire est sur le point de sortir sur grand et sur petit écran. Comme promis, il mettra en scène tout un tas de Kevin aux expériences et horizons différents : un Kevin médecin, un Kevin avocat, des Kevin vieux, des Kevin jeunes, un Kevin qui a finit par changer de prénom... Tous partageront leur expérience et raconteront comment ils vivent avec ce même prénom. Bien évidemment, un documentaire ne serait pas complet sans quelques scientifiques pour donner leur avis : sociologues et chercheurs décrypteront les tendances et les mécanismes qui ont mené à cette vision stéréotypée de ce prénom. Le tout avec un univers pop et décalé, en référence aux codes visuels des années 90, période phare des Kevin. 

Et en attendant la sortie du docu, vous pouvez toujours aller faire un tour sur la page Ulule du projet ou sur le site de Kevin Fafournoux, pour en apprendre plus sur l'évolution du projet, sur le réalisateur, ou juste sur le prénom Kevin. 


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