Depuis plusieurs années, les migrants sont des stars de l’actualité, et ne manquent pas par la même occasion d’être caricaturés. Pour lutter contre ces préjugés et leur permettre de faire entendre leurs voix, Nassim Nasr'Allah Sari et Camille Teste ont lancé MediaFugees, un média dont le contenu est produit par des personnes réfugiées ou confrontées à l’exil.
Une couverture médiatique ultra-importante versus des voix quasiment inexistantes. C’est la distorsion à laquelle sont confrontés les migrants depuis quelques temps. Pire, cette surexposition dans l’actualité a aussi pour effet d’amplifier les préjugés à leur sujet. Pour y remédier, Camille Teste, une journaliste basée à Montréal et Nassim Nasr'Allah Sari, un travailleur social basé à Marseille, ont lancé ce média hors normes en avril 2018.
« Nous sommes partis du constat que dans la presse, on voyait souvent le thème de la migration, mais que l’on n'entendait jamais les témoignages des principaux concernés », explique Nassim. « Nous avions également la volonté de casser les préjugés auxquels font face les exilés : "Migrant·e·s-misère", "migrant·e·s-menace" ».
MediaFugees, une plateforme web, multimédia, transnationale, bilingue et sans but lucratif, a ainsi pour but de donner une voix à des personnes qui n’en ont pas, leur permettre via un journalisme pertinent de parler de l’exil avec leurs histoires et leurs points de vue. Par ailleurs, la volonté est également d’avoir un impact social en intégrant ces contributeurs et contributrices dans les médias.
Parmi la vingtaine de contributeurs, on retrouve des journalistes ou encore des universitaires qui ont d'abord été démarchés dans des assos, des groupes Facebook ou qui viennent de la maison des journalistes des réfugiés. Les créateurs expliquent d'ailleurs avoir fait une collecte de dons car ils tiennent à « rémunérer les gens qui écrivent quand on commande les articles ».
On trouve ainsi aux côtés des articles journalistiques des tribunes ou des récits. « Il y a des articles de journalistes réfugiés en France, on considère que cette personne est légitime pour parler du pays, mais on a également des articles d’un journaliste syrien, journaliste culturel, pas forcément lié à l’exil. » L’idée est simplement de permettre à des journalistes de pouvoir exercer leur métier.
Le journal est par ailleurs fait sans même qu’il y ait besoin d'une réelle rencontre, skype suffit. On peut ainsi lire un article d'Abdullah, un contributeur réfugié Afghan en Indonésie de 19 ans, qui a écrit sur une école qu’il a fondé lui-même.
À terme, l’idée est de pouvoir intégrer un journaliste à la rédaction, et que le projet soit totalement saisi par les réfugiés, explique Nassim.
L’objectif est double : « que MediaFugees traite de la campagne présidentielle française en 2022 par exemple », lance Nassim, « mais aussi qu’il y ait une version en arabe pour donner accès à l’information pour les réfugiés ».
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