Pour la première fois à l’échelle municipale, un questionnaire féministe a été envoyé aux huit têtes de liste déclarées pour succéder à Anne Hidalgo en mars 2026. De la gauche à l’extrême droite, en passant par le centre, toutes et tous doivent répondre à treize questions sur la parité, les violences sexistes et sexuelles (VSS), le financement associatif et le budget genré, un outil pour orienter les politiques publiques vers plus d’égalité.
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Les candidates et candidats passés au crible féministe
Le questionnaire a ainsi été envoyé ce jeudi 30 octobre à Emmanuel Grégoire (PS), David Belliard (Les Écologistes), Ian Brossat (Parti communiste), Sophia Chikirou (La France Insoumise), Pierre-Yves Bournazel (Horizons/Renaissance), Rachida Dati (Les Républicains) et Thierry Mariani (Rassemblement National). Sans réel candidat déclaré, le mouvement Place publique a également reçu le document. Tous ont jusqu’à la fin de l’année pour transmettre leurs réponses.
Selon Gabrielle Siry-Houari, cofondatrice de l’initiative avec la militante Marie-Noëlle Bas, ce questionnaire permet de « vérifier le volontarisme de la gauche, de voir si la droite prend en compte ces questions et de forcer l’extrême droite à se positionner ». Le document va plus loin que les sujets municipaux classiques. Les candidats sont interrogés sur des questions sociétales sensibles comme la prostitution ou la gestation pour autrui (GPA). « Cela montre ce que les candidats pensent, pas seulement ce qu’ils promettent », souligne-t-elle.
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Violences sexistes et parité : les enjeux au cœur de la campagne
Le questionnaire ne se limite donc pas aux grands principes : il scrute la mise en pratique. Les candidats doivent détailler leurs plans pour former leurs équipes aux enjeux féministes, prévenir et gérer les violences sexistes et sexuelles, et garantir l’exemplarité des membres de leurs listes. La question est sensible : « Le monde politique n’est pas épargné, mais il n’a pas réussi à traiter ces sujets comme il faudrait », rappelle Gabrielle Siry-Houari, citant des affaires récentes à droite comme à gauche.
La parité est également un sujet central. Si elle est obligatoire par la loi, sa mise en œuvre reste inégale selon les partis et les arrondissements. Les têtes de liste sont donc invitées à préciser leur vision de la parité dans l’exécutif municipal, mais aussi au sein de leurs équipes et de leurs partis. Une façon de vérifier si les promesses égalitaires sont suivies d’actes concrets.
Le congrès des jeunes @lesRepublicains @JulienAubert84
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) September 5, 2021
C’est à peu près aussi mixte qu’un gouvernement de Talibans
Mais sérieusement ? En 2021 ? ZERO Femme 🤮#egalite #femmes-hommes pic.twitter.com/n0J5G5KmhP
Le « Nutri-Score féministe » : un baromètre inédit
Les réponses des candidats seront analysées pour créer un « Nutri-Score féministe », inspiré du baromètre lancé par Osez le Féminisme ! lors de la présidentielle de 2022. Celui-ci sera publié en février, un mois avant le scrutin, et permettra aux Parisiennes et Parisiens de comparer les programmes sur les droits des femmes.
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L’objectif va au-delà de l’élection : cet observatoire veut durer et inspirer d’autres villes. Dijon, par exemple, est déjà en contact avec les organisatrices. « Le premier mérite de ce questionnaire est de faire réfléchir les candidats et leurs équipes. Cela ne peut être que vertueux », conclut Gabrielle Siry-Houari. Une manière originale et concrète de faire entrer le féminisme dans le débat municipal, et peut-être de transformer la parole en actes.
Pour rappel, 80% des femmes ont déjà vécu des situations sexistes, 37% ont déjà subi un « rapport sexuel sous la contrainte », soit une agression sexuelle ou un viol, et plus d’une femme sur deux renonce à sortir seule ou à s’habiller comme elle le souhaite, simplement par peur d’être agressée, selon un rapport du Haut Conseil à l'Egalité.
