Imagine pouvoir remonter le temps et t’infiltrer incognito dans les appartements parisiens des Années folles… Petite pépite trouvée en ligne : les Archives de Paris viennent de mettre en accès libre les recensements de 1926, 1931 et 1936. Oui, oui, rien que ça. Ce qui veut dire que tu peux littéralement espionner qui habitait dans ton immeuble il y a presque 100 ans.
Une vraie machine à remonter le temps dans le Paris de l’entre-deux-guerres mais version numérique, avec noms, adresses, professions, statuts maritaux… Il suffit de quelques clics pour fouiller dans le passé d’un peu plus de 8 millions de Parisien·ne·s. Et devine quoi : il y avait déjà du monde, et pas mal d’inégalités.
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Quand l’IA s’invite dans les archives
Derrière cette prouesse, il y a un projet un peu fou, mené par Sandra Brée, chercheuse au CNRS, qui voulait au départ comprendre pourquoi les divorcés étaient si nombreux à Paris. Elle commence donc à compiler les données à la main, jusqu’à ce que l’IA vienne tout changer.
Quelques secondes avec les petits enfants parisiens de la fin des années 30 autour de @LaTourEiffel... #Paris avant...https://t.co/lEYcJwOCj4 pic.twitter.com/Gl28IMtb8h
— (Re)découvrez PARIS, le compte 100% PARIS 🇫🇷 (@parisvisites) March 13, 2024
En s’associant avec des chercheurs de l’université de Rouen, spécialistes de la reconnaissance d’écriture manuscrite, le projet d’océrisation voit le jour. Bon, le terme est un peu technique, mais océriser, c’est rendre un texte lisible par une machine à partir d’une image. Résultat : des années de boulot compressées en quelques mois et une base de données ultraprécieuse pour dessiner le Paris d’il y a 100 ans.
Paris, capitale pleine à craquer
En 1921, Paris atteint son pic de population : 2,9 millions d’habitants, soit presque un million de plus qu’aujourd’hui. C’est l’époque de l’industrialisation, de l’exode rural, de la vie à cent à l’heure dans une ville déjà magnétique. Et le plus fou ? À peine un tiers des Parisiens étaient nés à Paris. Déjà à l’époque, la capitale attire les ruraux et les étrangers en masse.
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Ville de célibataires… et sans enfants
C’est peu dire qu’on ne manque pas d’infos sur le « Paname » d’antan. En 1926, Paris est déjà une ville de solos. 32 % des Parisiennes sont célibataires, contre 27 % dans le reste de la France. Et aujourd’hui ? On est à 41 % de célibataires dans la capitale. Un chiffre surprenant, mais révélateur d’une tendance de fond.
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Et les enfants ? Déjà peu présents. La pyramide des âges de 1926 a même une forme de sapin avec un gros creux entre 5 et 10 ans. Une explication : beaucoup d’enfants étaient envoyés en nourrice à la campagne. Sacrée ambiance.
Paris, capitale du divorce (avant tout le monde)
Déjà dans les années 30, Paris fait figure de rebelle avec le taux de divorcés le plus élevé du pays. En 1936, plus de 3 % des Parisiennes sont divorcées, alors qu’on est à moins de 1 % ailleurs. La raison ? L’anonymat de la grande ville, sans doute.
Et les riches dans tout ça ?
Spolier : ils étaient déjà à l’ouest. Littéralement. En 1926, 40 % des habitants du 16e avaient un domestique, contre à peine 0,9 % dans le 20e. Rien de neuf sous le soleil haussmanien.
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L'expo à ne pas manquer
Si tu veux en voir (et en savoir) plus, fonce au musée Carnavalet à partir du 8 octobre pour l’expo Les gens de Paris. Une plongée dans le Paris de l’entre-deux-guerres, à travers ces recensements pas comme les autres. Frissons garantis (même sans machine à voyager dans le temps).
