C’était censé être un coup marketing bien huilé : l’ouverture d’une première boutique physique Shein au BHV Marais, ce mercredi midi, au cœur de Paris. Sauf que, quelques heures plus tard, le gouvernement dégainait une procédure de suspension temporaire de la plateforme numérique.
« Sur instruction du Premier ministre, le gouvernement engage la procédure de suspension de Shein, le temps nécessaire pour que la plateforme démontre qu’elle se conforme à nos lois », indique le communiqué de Matignon. Traduction : la fête est finie, au moins pour un moment.
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Une ouverture au BHV qui tourne au fiasco
L’ironie du calendrier a fait bondir plus d’un observateur. Car pendant que les clients découvraient les rayons clinquants de la boutique éphémère, Shein se retrouvait au centre d’une nouvelle tempête médiatique : la vente de poupées sexuelles à caractère pédocriminel par des vendeurs tiers hébergés sur sa marketplace. Un cocktail explosif qui a poussé l’exécutif à trancher.
Déjà régulièrement accusé de pollution massive, de conditions de travail indécentes et de concurrence déloyale, Shein voit sa réputation encore un peu plus ternie.
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Une accumulation de scandales pour la fast-fashion
L’affaire a pris un tour dramatique lorsqu’un acheteur, déjà condamné pour agression sexuelle, a été interpellé dans les Bouches-du-Rhône après avoir commandé en Chine une poupée à l’effigie d’une fillette.
De quoi scandaliser les associations de protection de l’enfance. « On ne peut pas négocier avec une entreprise qui a tiré profit de produits pédocriminels », dénonce par exemple Arnaud Gallais, président de Mouv’enfants, dans une tribune publiée chez Libération.
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Face à la colère, le ministre de l’Économie Roland Lescure a lui aussi haussé le ton : « Les plateformes qui vendent ce type de produits n’ont pas leur place en France » Une menace prise au sérieux par Sébastien Lecornu, désormais en première ligne pour montrer que le gouvernement ne tremble pas face aux géants du e-commerce.
Shein réagit, mais la confiance est rompue
De son côté, Shein dit « prendre acte » de la décision du gouvernement et souhaite « engager rapidement le dialogue ». En parallèle, la plateforme a annoncé suspendre sa « marketplace » française, autrement dit les produits proposés par des vendeurs tiers, tout en précisant que cette mesure n’était « pas directement liée » à la suspension ordonnée par Paris.
À ce jour, il n’est donc pas clair si la procédure de suspension engagée par le gouvernement pour Shein en France concerne aussi la boutique physique de la marque au sein du BHV Marais.
Après les poupées pédopornographiques, SHEIN vend désormais des armes de catégorie A (machette, coups de poing américain). Le fait de vendre ces armes est puni de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende. Je saisi immédiatement la Procureure de la République. Un nouveau… pic.twitter.com/R54FbJGi1H
— Antoine Vermorel-Marques (@antoinevermorel) November 5, 2025
Mais pour l’opinion publique, la nuance est mince. L’image d’une marque associée à des pratiques douteuses, voire inacceptables, colle désormais à la peau de Shein. Reste à savoir si le géant chinois saura redorer son image, ou si cette suspension marquera le début d’une longue traversée du désert numérique.
En attendant, les serveurs français de Shein tournent au ralenti, et la fast-fashion made in scandale vient de recevoir une belle leçon de droit (et de morale).
