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Loud & Proud, le premier festival queer de Paris

undefined undefined 23 juin 2015 undefined 00h00

undefined undefined 2 juillet 2015 undefined 12h59

Cyrielle

Une première édition qui fait déjà grand bruit. Loud & Proud, programmé du 2 au 5 juillet à la Gaîté Lyrique, est le premier festoche de musiques et cultures "queer" de la capitale. Le Bonbon est parti à la rencontre de ses organisateurs et a discuté gays, lesbiennes, féminisme et luttes communautaires.

Deux ans après la charge contre le Mariage pour Tous et « tout ce qu'on s'est pris dans la gueule » comme le rappellent les organisateurs, voici le petit dernier des festoches underground de la capitale : Loud & Proud. Avec un nom en forme d'empowerment, le titre est cash, et représente bien le propos principal : envoyer un message de fierté. « La visibilité, c'est ce qui guide toutes les luttes homo depuis les émeutes de Stonewall. C'est la base du truc : être fier de ce que tu es » lance Benoît Rousseau, commissaire principal et conseiller artistique à la Gaîté, avec sa bonne humeur et son franc-parler hyper rafraîchissants. Jouer fort, parler fort, « se faire entendre face à ces pourris de réacs », voilà toute la raison d'être de ces quatre jours de concerts, conf', projections et rencontres exclusivement queer

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En américain, "queer" est une insulte qui signifie bizarre, chelou, tordu, mais aussi tapette et gouine en opposition au mot "straight" qui, lui, désigne la norme hétérosexuelle. L’insulte a été récupérée dans les années 90 par les minorités sexuelles pour revendiquer avec fierté ces identités différentes, à la marge. « Désormais, le queer est un courant de pensée militant, une grille de lecture utile pour interroger le genre, les normes sociales et sexuelles ainsi que les rapports de domination à l’œuvre dans la société. La culture queer décale son regard pour déconstruire les rapports de domination dans la société, inter-genres mais aussi inter-raciaux. C'est devenu une manière de voir le monde, porteuse de valeurs progressistes et émancipatrices » décrypte l'une des quatre commissaires associées Fanny Coral, fondatrice et manager du label Kill the Dj, « et ex-directrice artistique du Pulp » nous dit-elle pour nous situer. Avant d'ajouter : « Je me définis moi-même comme gouine et féministe ».

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Ces dernières années, des figures comme Mykki Blanco - dont la presse anglo-saxonne raffole, et qui parle haut et fort de sa condition personnelle et questionne ce qu'est être homo aujourd'hui avant de débouler en bas résille et robe sur scène - participent à chambouler les notions d'identité et de genre, et secouent brillamment le milieu indie-pitchforkien. À contre-pied d'une scène hétéronormée et blanche, Loud & Proud entend redonner la priorité aux corps et aux identités négligées et rendues invisibles par l'industrie musicale : « Depuis cinq ans, on assiste à l'émergence d'une nouvelle scène queer pop. La culture queer est souvent trop inhibée dans la culture musicale, le cinéma, etc., c'est une sorte de culture de niche, folklorisée, qui n'intéresse personne. Ici, on a sélectionné des artistes dont le fait d'être queer fait partie intégrante de leur création artistique et on les a inclus dans une programmation cohérente. »

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Une manière de participer à l'évolution des mentalités : « La France est très en retard sur ces questions. Quand on voit les réactions au Mariage pour Tous et toute la merde qu'on s'est pris dans la gueule avec le réveil de la fachosphère... Il y a beaucoup à faire » commente Benoît. Fanny renchérit : « Les gouines qui n'ont pas le droit à la PMA, les trans et la psychiatrisation du parcours pour changer de sexe... On est dans un pays conservateur, patriarcal, mysogine et c'est très compliqué de faire bouger les choses ».

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Si la programmation n'a rien de grand public, les organisateurs promettent une sélection exclusivement basée sur les artistes qui les font rêver et misent sur la curiosité des spectateurs. En plus des concerts et Dj sets, le festival proposera des conférences – on pense par exemple à "2 heures dans la vie d'un(e) trans" - et des projections, comme l'excellent docu en 2 parties "Tellement Gay ! Homosexualité et pop culture" de Maxime Donzel, projeté en avant-première et en intégralité le 4 juillet. Un beau geste politique et artistique comme on les aime au Bonbon.

Festival Loud & Proud 
Gaîté lyrique
3 bis, rue Papin - 3e
Du 2 au 5 juillet

Pass 3j : 45€ (épuisé) / 1j : 25€ - 20€ / Admission 23h30 : 18€ - 14€
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