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On a été découvrir les coulisses du spectacle son et lumière AURA INVALIDES

Publié le 3 octobre 2023 à 11h00

Modifié le 6 octobre 2023 à 14h09

par Auriane Camus

Au mois de juillet, on vous annonçait l’arrivée très prochaine d’AURA INVALIDES, un spectacle son et lumière immersif prenant place sous le Dôme des Invalides, et qu’on attendait avec une très grande impatience. L’ouverture a eu lieu ce vendredi 22 septembre, nous y sommes allés, et on doit vous dire : le spectacle est à couper le souffle.

La création alliant vidéo-mapping, musique orchestrale et jeux de lumière met en valeur l’ensemble architectural de façon totalement magique et même un peu émouvante. Pendant 50 minutes, on se perd dans les différents espaces du monument, à la découverte de son histoire et des mémoires qui l’habitent, et on contemple la beauté de chaque élément qui compose les murs et la coupole des Invalides, bref, on est transportés dans un monde rempli de grâce et de poésie.

On en a aussi profité pour rencontrer celle qui se cache derrière tout ce projet — ou, du moins, l’une des très nombreuses personnes qui ont participé à monter le projet — Sibylle Confland, directrice générale de l’agence Cultival. L’occasion d’en savoir un peu plus sur les coulisses d’AURA INVALIDES.


Un projet fou né à Montréal

S’il s’agit bien d’une première à l’échelle française, l’idée de la création d’AURA INVALIDES est néanmoins née à Montréal. C’est lors d’un voyage dans la métropole québécoise que Thibault Manchon et Sibylle Confland, tous deux associés à la tête de Cultival, ont découvert le concept de ce spectacle son et lumière, au cœur de la basilique Notre-Dame de Montréal. « On a trouvé ça absolument dingue, on s’est dit que c'était tellement incroyable qu’il fallait ramener ça en France », affirme la directrice.

Après une rencontre avec Moment Factory, le studio créateur du concept à Montréal, la question du lieu où créer un tel spectacle s’est posée : « il nous fallait un lieu vraiment spectaculaire, avec un bel espace et surtout chargé en histoire pour pouvoir recréer l’ambiance exceptionnelle que nous avions ressentie. » Le Dôme des Invalides s’est tout de suite imposé comme une évidence.


3 ans de projet et 130 personnes mobilisées

Pour être à la hauteur du lieu, il aura fallu 3 ans et pas moins de 130 personnes pour développer le projet, entre Paris et le Canada. Car si AURA INVALIDES reprend les codes d’AURA Montréal, le dôme où repose le tombeau de Napoléon 1er fait quant à lui 4 fois la taille de la basilique Notre-Dame de Montréal. La tâche s’annonçait donc titanesque comparée à ce qui avait pû être fait auparavant.

Avec 80 mètres de haut, 6 chapelles réparties de chaque côté de l’hôtel et une vision à 360°, créer un spectacle son et lumière sous le Dôme des Invalides s’est avéré être un véritable défi technique. « Par exemple, c’était très important que le matériel ne se voie pas, à la fois lors des visites en journée, mais aussi pour que le spectacle garde sa magie. On a donc tout peint aux couleurs de la pierre, pour que cela s’intègre au mieux dans le monument », explique Sibylle Confland.

Autre challenge : celui du son. Pour créer une bande musicale adaptée à l’espace monumental, où la réverbération du son dure pas moins de 10 secondes, un orchestre de 55 musicien·nes — dont 17 cordes, 11 cuivres, 8 vents et un chœur de 16 voix — a travaillé à la création d’une musique unique et exceptionnelle, pensée et composée à partir des 3 mouvements imaginés pour l’expérience AURA INVALIDES.


Un lieu chargé en histoire

Au-delà de l’immensité des lieux, les équipes ont aussi dû s’adapter à l’histoire de l’Hôtel national des Invalides. Inauguré en 1706 sous le règne du Roi Soleil, temple du Dieu Mars pendant la Révolution française, panthéon national des gloires militaires au XIXe siècle, ultime demeure de Napoléon Bonaparte ou encore refuge secret de pilotes anglais pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Hôtel national des Invalides a été le théâtre grandiose de périodes fondatrices de l’histoire de France. Plus qu’un simple cours d’histoire, l’idée d’AURA INVALIDES est de transmettre une émotion à travers ce patrimoine.

Au cours du spectacle, on découvre par exemple une scène de bataille illustrant la Seconde Guerre mondiale. Sibylle Confland explique que « pour recréer au mieux la scène, les équipes de création sont allées chercher des petits soldats de plomb qui font partie des collections du musée et les ont scannés en 3D, pour qu’ils soient ensuite projetés sur le mur ». Une anecdote parmi tant d'autres qui montre l'investissement sans relâche des créateurs du spectacle.

Vous l’aurez compris, AURA INVALIDES est une expérience pour le moins hors du commun, qui nous permet de (re)découvrir le monument d’une toute autre façon que lorsqu’on y accède la journée. Loin du tumulte parisien, on vit un moment privilégié et hors du temps, au cœur d’un monument habituellement fermé au public une fois la nuit tombée.

AURA INVALIDE
Dôme des Invalides
2, place Vauban – 7e
Tarifs : 22€ adulte, 13,50€ pour les -26 ans
Plus d’infos et billetterie

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La série Adolescence sera diffusée dans les collèges et lycées britanniques

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par Flora Gendrault

Downing Street l’a officiellement annoncé en début de semaine : la mini-série Adolescence, sur toutes les lèvres depuis sa sortie, sera bel et bien diffusée gratuitement dans les collèges et lycées britanniques. Une mesure initiée par le Premier ministre Keir Starmer lui-même, qui avait publiquement pris la parole pour vanter les mérites d’un programme extrêmement bien mené et instructif, soulevant des questions sociétales cruellement d'actualité


Prouesses technique et scénaristique  

Adolescence a beau n’être sortie qu’à la mi-mars, c’est peut-être déjà la meilleure série de l’année. En débarquant sur Netflix, et sans avoir pourtant fait l’objet d’une campagne promotionnelle démesurée, elle a immédiatement reçu un accueil extrêmement favorable de la presse et des spectateur·rices, et ce aux quatre coins du globe. 

Un coup de maître des créateurs, Jack Thorne et Stephen Graham, lesquels sont parvenus à mettre en scène de manière magistrale les causes et conséquences du meurtre de Kathy, adolescente de 13 ans, poignardée à de multiples reprises par Jamie, un camarade de classe du même âge. Le tout en (seulement) quatre épisodes tournés intégralement en plan-séquence, renouvelant ainsi cette technique largement exploitée au cinéma, moins sur le petit écran, autour d’un récit nerveux traitant de thématiques liées à la jeunesse. 


Dénoncer la spirale du masculinisme
 

Ces thématiques, quelles sont-elles ? Le harcèlement scolaire, la construction de genre sur les réseaux sociaux, et notamment la culture "incel", ces hommes involontairement célibataires qui accusent les femmes de les rejeter. Dans Adolescence, en immersion au cœur d’un commissariat, puis d’une école, et enfin d’une maison de famille, on comprend que Jamie (époustouflant Owen Cooper, nouveau prodige du milieu), élevé à la dure, impopulaire, s’est peu à peu enfermé dans la spirale du masculinisme, jusqu’à commettre un féminicide. Une misogynie alimentée par son activité sur Internet, où se créent de nombreuses communautés réactionnaires, séduites par la théorie du 80/20 d’Andrew Tate, selon laquelle 80% des femmes ne seraient attirées que par 20% des hommes. 


De l’ordinateur au Parlement 

Au Royaume-Uni, terre de tournage mais aussi théâtre d’attaques de même nature ces dernières années, Adolescence a connu une résonnance toute particulièrement. Jusqu’à dépasser les frontières de l’écran : la série a ravivé le débat sur l’utilisation des téléphones, mais aussi sur l’éducation, levier essentiel pour déconstruire les idéologies véhiculées sans régulation sur le web. Diffuser Adolescence au palais de Westminster ainsi que dans les collèges et lycées depuis une plateforme partenaire à Netflix, comme l’avaient publiquement encouragé la députée travailliste Anneliese Midgley, puis Keir Starmer, en marque la première étape. 

« C'est une initiative importante pour encourager le plus grand nombre possible d'élèves à regarder le programme », a déclaré le Premier ministre, qui a lui-même vu la série avec ses enfants adolescents, comme 66 millions de personnes en deux semaines sur Netflix. Un record pour une mini-série britannique ! 


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