Il est sans doute le dramaturge français le plus célèbre du XXIe siècle. À chaque nouveau spectacle, Alexis Michalik enchante les foules et attire un public de plus en plus fidèle. Et il nous propose aujourd’hui de découvrir l’histoire fascinante d’Issa, réfugié érythréen, qui se réveille un jour dans la Jungle, l'immense camp de migrants à Calais, sans aucun souvenir de son passé.
Michalik, un conteur d'exception
Une fois encore, et dès les premières minutes de la pièce, on est bluffés par la capacité de Michalik à nous faire entrer dans une histoire. De la Jungle de Calais à Paris en passant par Mignaloux-Beauvoir (dans le Poitou), on suit chacun des personnages avec une fascination et un attachement particuliers.
Tous sont absolument saisissants d'humanité, de sincérité, et de réalisme. Que ce soit Jeanne, née à Toulouse de parents maliens, Yasmine, qui a grandi en Bretagne et pensé pendant très longtemps qu’elle était la seule Arabe du monde. Arun l’Indien, Ali le Syrien, ou encore (et surtout) Issa, un Érythréen extrêmement attachant, laissé pour mort un jour au milieu du camp, qui ne sait plus rien de son histoire.
Alors au milieu d’individus de tous horizons qui apportent tour à tour leur joie, leur douceur, leur colère ou leur faiblesse, le jeune homme se débat comme il peut pour avancer dans la vie, en inventant ou en reconstruisant. Mention spéciale à la scène où il découvre le mille-feuille administratif français et ses acronymes à coucher dehors, on a beaucoup ri.
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Michalik, un manipulateur d’émotions
Tout au long de la pièce, Michalik et ses acteurs (tous excellents) jouent avec nos émotions. On rit, beaucoup, mais on est aussi touchés, beaucoup. Et puis le dramaturge maîtrise parfaitement le suspense. Une fois n’est pas coutume, il nous offre un plot twist auquel personne ne s’attendait, et ça marche admirablement bien.
La pièce est belle, parfaitement mise en scène, merveilleusement exécutée de bout en bout, et on se laisse porter au gré de dialogues particulièrement réussis. Preuve en est : standing ovation de plusieurs minutes de la part du public à la fin, et on trouve que c’est amplement mérité.
Michalik, un dramaturge engagé ?
Il est important de préciser qu’avant même de voir la pièce, de nombreux sons de cloche nous étaient parvenus aux oreilles concernant le sujet (les migrants donc), et le semblant d’engagement ou de militantisme dont voulait faire preuve Michalik. Ce à quoi il échouait, encore une fois selon diverses critiques.
Mais au lieu de s'arrêter à ces critiques, on a préféré découvrir la pièce par nous-mêmes et se rendre compte de ce qu'elle est réellement. D'ailleurs, quoi de mieux pour ça que les mots de son metteur en scène lui-même ? « Ce n’est pas un théâtre militant ou documentaire, mais une histoire humaine, qui s’adresse à tous. » Voilà, maintenant que les choses sont claires, on peut le dire sans hésitation : nous, on a aimé. Plus même, on a été bouleversés par la justesse des interprétations, et cette histoire singulière pleine de rebondissements.
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Passeport
Théâtre de la Renaissance
20, boulevard Saint-Martin – 10e
Tous soirs du mar. au sam. à 21h, le sam. à 16h30 et le dim. à 17h (changement en décembre)
Tarifs : 12 à 60 € selon catégorie
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