Impossible de ne pas connaître ce personnage du 11e. Déjà parce qu’il a posé entièrement nu pour notre cher et tendre BONBON, ensuite parce que ce sacré personnage tient la poissonnerie la plus animée du quartier, enfin parce que Charly est le parrain de l’association solidaire qu’on suit et soutient, Le Carillon. Autant de bonnes raisons de passer un moment avec lui pour lui tirer le portrait. Rendez-vous est pris dans sa boutique, au 44, rue d’Oberkampf (parce que oui, on sait où le trouver).
Les années passent mais pas la fougue de cet artisan poissonnier hors du commun. Il m’attend debout, presque infatigable - quoiqu’il ferait bien une sieste. « Je suis levé depuis 2h du matin tu sais, je vais chercher tous les matins mes poissons. Ils sont quasiment tous bio, issus de petits bateaux et de pêche durable ». Très bien, on sera rapide mais efficace. De toute façon il n’habite pas très loin, rue Keller « juste en face de Valls, du coup je suis bien protégé » rit-il.
En treize ans de "carrière" rue Oberkampf, il y en a eu des éclats de rire d’ailleurs. Avec ses fidèles habitués, curieux de chaque arrivage et, avouez-le, des envies de bavarder avec le personnage, toujours prompt aux dialogues mais aussi (et surtout ?) avec les projets qu’il soutient corps et âme.
L’un d’entre eux est né ici, autour d’une table, entre les étalages et avec RFM qui crachotte derrière. « Le fondateur du Carillon, Louis-Xavier, est venu ici nous parler de son asso en novembre 2015. Olive [son compagnon NDLR] et moi, on a tout de suite su que c’était une excellent idée ! » Il est même devenu le porte-parole des commerçants qui ont déjà pris ou désirent prendre part à cette belle aventure solidaire. Depuis qu’il offre ses services aux SDF qui passe le pas de sa porte, certains l’ont marqué à jamais.
« Il y avait un monsieur d’un certain âge qui venait tous les jours pour discuter, boire un café et même prendre une douche. Je lui donnais des crevettes décortiquées, des huîtres. On parlait beaucoup, parfois ses paroles me faisaient penser à celles de mon père… Sa mort m’a brisé le cœur ». Il continue, ému : « Il faut réussir à dépasser les frontières, apprendre à ne pas voir les personnes sans abri autrement mais simplement comme nous, des êtres humains quoi ».
Pour aller encore plus loin, Olive et lui organisent chaque fin de mois un apéro-dinatoire dans la poissonnerie. Ils réunissent une dizaine de copains sans-abri autour d’une grande table et d’un bon plat, concocté par les amoureux, pour un moment chaleureux, authentique et convivial. Classique quand il s’agit de Charly le poissonnier.
—
Charly le poissonnier
44, rue Oberkampf - 11e
Le Carillon :
www.lecarillon.org