Cela fait déjà quelques mois que le gouvernement cherche à se rapprocher des jeunes, notamment des étudiant.e.s, pour regagner en popularité. Il y a eu Touche pas à mon poste avec Gabriel Attal en décembre, puis Emmanuel Macron sur Brut et bientôt sur la chaîne de McFly et Carlito, mais aussi tous les lives de Gabriel Attal sur Instagram les dimanches soirs. Cette fois-ci c’est sur Twitch qu’il a invité 5 influenceur.se.s à débattre sur des sujets concernant les jeunes. Ce Twitch a provoqué une nouvelle vague d’indignations : pourquoi ne pas faire venir les personnes concernées ?
« Je trouverais ça super que la prochaine il y ait un journaliste qui soit là pour rétorquer »
Marie Lopez, EnjoyPhoenix elle-même, a pointé rapidement du doigt le fait que l’on fasse venir des influenceur.se.s pour discuter des jeunes. Comme chacun.e l’explique, la légitimité des influenceur.se.s à parler de la situation des jeunes alors qu’iels n’ont pas forcément fait d’études – en tout cas n’en font pas aujourd’hui – est critiquée. Au final, il en va de même pour les journalistes qui certes étudient le sujet, mais qui ne sont toujours pas concerné.e.s directement. Et c’est de cette réflexion qu’est apparu le #etudiantspasinfluenceurs.
Je ne me sens en rien représenté par les influenceurs déscolarisés en tant qu’étudiante. #etudiantspasinfluenceurs
— Made (@Boucabeille5) March 1, 2021
Sur Twitter, beaucoup ont rappelé que les étudiant.e.s sont capables de se représenter elleux-même grâce à des syndicats qui travaillent sur le sujet depuis le début de la crise : les étudiant.e.s sont bel et bien des adultes qui peuvent s’exprimer et être invité.e.s dans les médias. Même si, comme on le sait, la volonté du gouvernement est de toucher un maximum de personnes en invitant des célébrités, cela reste extrêmement maladroit : quand on parle de grèves de salarié.e.s on n’interroge pas un chanteur apprécié du grand public, mais des syndicats qui représentent les salarié.e.s.
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Encore une vidéo pour en dire peu
Durant le live, les influenceur.se.s soulignent le manque cruel de considération des étudiant.e.s notamment à l’université qui, pour la plupart, sont en 100% distanciel depuis le mois d’octobre ; iels posent de nombreuses questions à Gabriel Attal, mais cela ne suffit plus pour beaucoup. Surtout que comme on le lit sur les quelques milliers de tweets suivis du hashtag #etudiantspasinfluenceurs, la communication du gouvernement visant les jeunes devient lourde. Cela ne suffit pas de passer sur les réseaux sociaux à la mode, tout le monde attend des solutions et une réelle considération qui commenceraient encore une fois par l’invitation d’organisations et de syndicats d’étudiant.e.s pour discuter avec le gouvernement.
Je suis étudiante en L3 Lettres Modernes. J’ai des cours en distanciel mais j’ai eu des partiels en présentiel. Vous n’arrêtez pas de dire que les étudiants vont mal. (Dépression, suicide, anxiété etc.) mais malgré ça vous invitez des influenceuses 1/2 #etudiantspasinfluenceurs
— J-4 ? (@Sunofmala) February 27, 2021
Gabriel Attal a d’autant plus énervé les jeunes en déclarant : « Moi, pour avoir échangé avec des étudiants sur le sujet, ça leur a fait énormément de bien. » Il est certain que le porte-parole du gouvernement échange avec un nombre très réduit d’étudiant.e.s, car la plupart n’ont pas repris les cours en présentiel – ou n’avait pas encore repris ce mercredi 24 février – même à 20% car les universités ne s’organisent pas pour le faire.
Le porte-parole du gouvernement n’a pas cessé de répéter « on en a tous marre de vivre dans cette situation » lors de cet entretien, autant dire que le débat était stérile et qu’il n’aurait pas eu le même impact si la parole avait été donnée à des étudiant.e.s.
Des organisations connaissent la situation des étudiant·e·s et portent des revendications pour améliorer leurs conditions de vie et d'études. Si la volonté est vraiment d'agir : contactez-nous !#etudiantspasinfluenceurs pic.twitter.com/jRAI7m7XrD
— UNEF Auvergne (@UNEFAuvergne) March 1, 2021