Sur la place Dalida, dans le XVIIIe arrondissement, la poitrine de la chanteuse brille d’une patine révélatrice : des milliers de visiteurs y posent leurs mains, comme le veut la petite légende locale censée apporter bonheur et photos amusées.
Mais pour plusieurs élus écologistes, ces attouchements répétés s’apparentent à une banalisation du contact non consenti avec un corps féminin représenté dans l’espace public. Ils alertent aussi sur l’usure du bronze de l’œuvre, sculptée par Aslan en 1997, et demandent à la Ville de Paris d’intervenir.
Dans le même registre, ce week-end, j'ai découvert que les hommes s'amusaient beaucoup à toucher les seins du buste de Dalida à Montmartre. Ça les faisait beaucoup rire. Ils sont tellement nombreux à le faire par """tradition""" que la statue est patinée. https://t.co/ZCwXp29oYR pic.twitter.com/M9j5ZH7kqo
— Aymeric Parthonnaud (@P_Aymeric) March 9, 2023
La croyance porte-bonheur qui dérange
Les élus proposent un socle plus haut, une protection discrète ou une signalétique pédagogique pour dissuader les visiteurs. À l’Hôtel de Ville, l’idée fait son chemin : la municipalité dit vouloir étudier des solutions avec les ayants droit, en privilégiant un dispositif léger pour éviter une mise sous cloche du monument.
Reste que la notion d’agression sexuelle, initialement évoquée, a été retirée du texte adopté, jugée trop forte pour qualifier ces gestes, même considérés comme déplacés.
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Entre folklore touristique et malaise assumé
Sur place, les réactions divergent. Beaucoup de touristes voient dans ces attouchements un rituel parisien amusant, une sorte de clin d’œil folklorique à la chanteuse.
Certains habitants s’agacent de ce qu’ils perçoivent comme une polémique inutile, persuadés que la statue n’a rien à redire. D’autres, au contraire, s’étonnent qu’un tel geste soit devenu un rite bon enfant et refusent de s’y prêter, estimant que toucher des attributs féminins, même sculptés, n’a rien d’anodin.
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Montmartre n’est d’ailleurs pas un cas isolé : de Dublin à Munich en passant par Berlin, de nombreuses statues subissent ce même tourisme tactile. À Paris, le gisant de Victor Noir a déjà dû être protégé après des décennies de frottements jugés indécents. Dalida sera-t-elle la prochaine ?
