Tous les mercredis, il se passe un truc spécial dans la vie des cinéphiles. Oui, vous. A la tombée du jour, ils sortent du trou obscur et maculé de popcorn qui leur sert d'habitat pour s'exposer à la lumière des lampadaires et se diriger clopin-clopant vers le cinéma le plus proche. Comme on vous aime bien, amis cinéphiles - aussi chelou soyez-vous -, on détaille pour vous dans les pages qui suivent nos trois films de la semaine, un docu, un classique et une série, même si c'est sacrilège.
En salles cette semaine
ÉNOOORME semaine ! Dany Boon sort son nouveau film (RAID Dingue) sur un nouveau cliché jamais exploité au cinéma : le macho ! Et c'est lui le macho dans le film ! Ça a l'air fou ! Et aussi un film d'animation franco-canadien (Sahara) dont les deux héros sont des serpents, avec les voix d'Omar Sy, de Louane et de Franck Gastambide, trop hâte ! Non j'déconne, ça c'est le pire de la semaine en fait. Par contre tout le reste fait vraiment envie : hors les trois potentiels bijoux étudiés plus bas, on tape du pied pour Jarmusch et son docu sur les Stooges (Gimme Danger), on flippe sa mère devant la troisième (quand même !) adaptation des aventures de Samara (Le Cercle - Rings), et surtout on s'immisce dans les méandres d'un couple sud-coréen avec le sublime Yourself and Yours de Sang-soo Hong. Ça fait plaisir !
Jackie, de Pablo Larraín
L'un des films les plus attendus de l'année. L'un des plus casse-gueule aussi, tant le mythe JFK est sensible chez nos amis bouffeurs de burgers (racisme primaire, pardon, mais ces gens ont quand même élu Trump et au lieu de les vilipender comme il se doit, on passe notre temps à les plaindre). Après le merveilleux Neruda, Pablo Larraín s'intéresse une nouvelle fois à l'intimité d'un personnage historique et politique, presque mythique, en la personne de Jackie Kennedy. Faisons confiance à Natalie Portman pour apporter à ce personnage toute la classe et la considération qu'il mérite, et au réalisateur chilien pour nous faire un beau, voire très beau film.
Moonlight, de Barry Jenkins
Huit nominations aux Oscars. D'après ce qu'on sait, le film raconte l'histoire de Chiron, jeune Afro-Américain issu d'un quartier sensible de Miami, de l'enfance à l'âge adulte. Peut-être qu'il est gay, on ne sait pas trop, c'est à peine suggéré dans le trailer. La photo est belle, sombre et flashy, la réalisation ultra humaniste, avec une caméra très proche des visages. On sent couver une intensité dramatique poignante. Les acteurs et le réalisateurs sont presque d'illustres inconnus. Du vrai bon cinéma indépendant américain. On a hâte.
Un jour dans la vie de Billy Lynn, de Ang Lee
Un nouveau Ang Lee, forcément ça suscite l'excitation. Le réalisateur du Secret de Brokeback Mountain, de L'Odyssée de Pi ou encore du génial Hotel Woodstock change totalement de prisme tout en activant les mêmes leviers : le rapport à ce qui nous dépasse, le regard d'une société sur sa jeunesse. Ici un tout jeune Texan est érigé en héros après avoir sauvé son supérieur (Vin Diesel), vient parader quelques jours pour faire kiffer l'administration Bush avant d'être renvoyé au front. Y'a Kristen Stewart aussi dedans.
Une série : Sons of Anarchy
Aujourd'hui pour notre série de la semaine, on laisse la parole à Fanny, notre très cher couteau suisse du Bonbon. « Sons of Anarchy alias SOA, la série sur les bikers de Auckland dans la banlieue de LA. Une série qui a tellement cartonné qu’elle a 13 saisons ! La première débute dans les années 90 et la dernière se termine 20 ans après. Des gangs, des armes, de la drogue et plein de choses pas très catholiques mélangées à un scénario improbable à la GOT avec une évolution des personnages qui nous empêche vraiment de décrocher. C'est la série-type du genre si tu la commences, prépare-toi à ne plus sortir chez toi ! » Merci Fanny !
Un docu : Et les mistrals gagnants, de Anne-Dauphine Julliand
Le truc a l'air tellement émouvant. J'ai vu dans une bande-annonce Christian Jean-Pierre en larmes à la sortie du film, et rien que pour ça, je vous le conseille. Il s'agit de suivre cinq gamins entre six et neuf ans, dans leur vie de tous les jours, dans leur apprentissage de la vie. Ces gosses ont un truc particulier, ils sont malades. Plutôt gravement. Mais ça ne les empêche pas de rire, de courir, d'aller à la rencontre des autres, de crier, de chanter, de danser... En fait, c'est nous, adultes, qui apprenons à leur contact, et non l'inverse.
Un classique : 1900, de Bernardo Bertolucci
Fin janvier 1901, dans une grande propriété terrienne du nord de l'Italie, deux bébés viennent au monde le même jour. Le premier, Alfredo (Robert De Niro), est le fils du proprio. Le second, Olmo (Gérard Depardieu), est le fils bâtard d'une famille de métayers attachée à l'exploitation. L'évolution de ces deux personnages aux statuts sociaux opposés se fait sur toile de fond de l'Italie du début du XXe siècle, permettant ainsi de traiter des sujets aussi variés que la famille, la socialisme, la lutte des classes, le fascisme... Une immense fresque historico-sociale, avec un casting cinq étoiles (De Niro, Depardieu, Dominique Sanda, Donald Sutherland, Burt Lancaster).