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De l\'autre côté de l\'espoir : un conte humaniste qui fait du bien

Publié le 28 mars 2017 à 00h00

Modifié le 29 mars 2017 à 09h07

par La Rédac'

En cette période pré-électorale, vous l'aurez remarqué, le climat n'est pas forcément à la paix sociale. Certains de nos représentants politiques ont tôt fait d'attiser les tensions entre les différentes communautés, à des fins qui manquent souvent de hauteur... Mais dans ce contexte nauséabond, un cinéaste masqué se dresse, seul et fier, contre la déliquescence du monde : Aki Kaurismäki. 


Wikhström, la cinquantaine, ferme la porte de chez lui avec un dernier regard placide pour sa femme. Une fois seule, celle-ci écrase une cigarette sur l'alliance qu'il vient de lui rendre, puis se sert un verre. A peu près au même moment, Khaled s'extirpe du tas de charbon qui lui a servi de refuge et quitte le bateau qui l'a amené jusqu'à Helsinki, depuis la Syrie. C'est le point de départ du film, et après à peine dix minute, on identifie déjà un style bien particulier, lent et contemplatif, mais saisissant. 

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Apparemment en Finlande, le processus d'évolution de la mode s'est arrêté en 1987. Dans ce Helsinki-là, les voitures, les fringues, les coupes de cheveux et même plus généralement les êtres humains ont quelque chose de passéiste, les couleurs sont délavées et ternes, bref, on évolue dans la ringardise la plus totale. Pourquoi cette culture du laid chez Kaurismäki ? On ne s'avancera pas trop en disant qu'il s'agit certainement de mettre en exergue le fond par rapport à la forme ; quand son regard n'est pas distrait par la superficialité des décors ou des costumes, le spectateur peut se plonger entièrement dans le récit, et ainsi s'identifier aux personnages qui en font toute la substance. 

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Là aussi, le cinéaste finlandais fonctionne à l'économie, volontairement. Les dialogues entre nos protagonistes se limitent à la communication d'informations nécessaires, ni plus, ni moins, avec une sorte de dépouillement naïf presque enfantin. Vous allez me dire qu'entre un Finlandais et un Syrien, la communication peut être un tant soit peu hasardeuse. Certes, mais d'une part les deux personnages parlent plutôt bien anglais, et d'autre part, cette grande indigence dans les échanges se vérifie encore plus entre personnages de même nationalité. Plus aucun doute ne subsiste donc quant à la volonté du réalisateur de laisser l'image parler par elle-même, et d'y trouver un vecteur idéal pour l'émotion. 

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Ce qui est assez génial chez Kaurismäki, finalement, c'est cette capacité à faire passer via des visages impassibles, qui ne sourient jamais, dans des décors tristes et franchement laids, un message porteur d'espoir et résolument humaniste. Il semble avoir fait siennes les paroles d'un autre grand conteur aux personnages naïfs : "on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux". Pour un cinéaste, c'est assez fort. 


De l'autre côté de l'espoir, d'Aki Kaurismäki

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