« Un téton trop vulgaire, des poils trop dégueu, des règles trop sales… Cachez-moi cette féminité que je ne saurais voir ! » Voilà à peu près ce qu’on pourrait lire dans une version honnête des conditions d’utilisation des réseaux sociaux. Prenant le contre-pied de cette absurdité, deux artistes ont décidé de dédier un livre refuge aux exclues d’Instagram.
Arvida Byström et Molly Soda, respectivement mannequin-photographe suédoise et artiste numérique américaine, ont toutes les deux subi la censure arbitraire du réseau social. En réponse, elles décident de lancer un appel à témoins pour collecter des histoires et des clichés d’utilisateurs bannis, comme elles. Et les témoignages ne tardent pas…
Selon les règles d’Instagram, les contenus « violents, nus, partiellement nus, discriminatoires, illégaux, haineux, pornographiques ou sexuellement suggestifs » sont interdits. Mais pour les deux artistes, la réalité est toute autre.
« Certains corps sont plus acceptables. Si on voit une photo d’une femme mince en bikini, c’est sexualisé mais acceptable. Une photo comme celle-là ne sera sûrement pas retirée. Par contre une photo d’une personne en surpoids avec beaucoup de poils pubiens sera plus facilement supprimée, parce que c’est perçu comme déviant. » explique Molly Soda au média anglais The Independent.
Dans leur livre bien nommé Pics or it didn’t happen (adage de la génération internet signifiant que la photo est la seule preuve recevable), on découvre des clichés d’instagrammeurs émergents ou plus connus, comme Petra Collins, Amalia Ulma, Lina Scheynius, Harley Weir, ou encore Rupi Kaur dont l’autoportrait menstruel censuré par Instagram avait suscité une vraie polémique. En tout, une vingtaine de photographes reconnus ou amateurs.
On salue cette très belle initiative à contre-courant des normes physiques lisses et misogynes qui enferment trop souvent les femmes dans des complexes ravageurs. Oui au corps, à la liberté et à la beauté vraie. Bordel.
