Tous les mercredis, il se passe un truc spécial dans la vie des cinéphiles. Oui, vous. A la tombée du jour, ils sortent du trou obscur et maculé de popcorn qui leur sert d'habitat pour s'exposer à la lumière des lampadaires et se diriger clopin-clopant vers le cinéma le plus proche. Comme on vous aime bien, amis cinéphiles - aussi chelou soyez-vous -, on détaille pour vous dans les lignes qui suivent les films qui sortent cette semaine, enfin du moins ceux qui ont retenu notre intérêt.
Cette semaine encore, période pré-Oscars oblige, les sorties ciné c'est de la folie furieuse. Je suis censé faire une sélection moi, je fais comment quand y'a près d'une dizaine de films qui ont l'air super ? Je vais en présenter cinq plus bas, mais sachez que les autres valent probablement le coup aussi. John Wick 2 par exemple, où Keanu Reeves renfile son costume trois pièces noir pour buter tout ce qui bouge à base de headshots. Les Fleurs bleues aussi, qui montrent le combat pour la liberté d'un peintre dans la Pologne communiste d'après-guerre, et Noces du Belge Stephan Streker (Le monde nous appartient), qui s'attarde sur le destin de Zahira, 18 ans, à qui la tradition indienne familiale veut imposer un mari. Dans un tout autre style, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise avec les deux films français Si j'étais un homme (une mère de famille se réveille un matin avec un pénis...) et Chez Nous (les coulisses du FN, en gros). A voir.
Lion, de Garth Davis
Encore une histoire vraie. Bon, celle-là est complètement dingue par contre, et belle à en pleurer, ce que vous allez probablement faire en cachette dans votre siège de velours rouge à la fin du film. En gros c'est l'histoire d'un gamin de cinq ans qui perd sa famille et se retrouve dans un train traversant l'Inde jusqu'à Calcutta. Une fois adulte, il cherche à retrouver sa vraie famille, au risque de blesser ceux qui l'ont adopté et élevé comme leur propre fils. Le gamin est trop mignon, les décors sont fabuleux, rien que le trailer donnent les yeux qui piquent, y'a Dev Patel, Nicole Kidman et Rooney Mara dedans, le film est nommé 6 fois aux Oscars... Difficile de se planter là-dessus, ça a l'air tout simplement formidable.
Split, de M. Night Shyamalan
Ça faisait un petit moment que ce cher M. Night Shyamalan n'avait pas fait un truc aussi réjouissant. Depuis Le Village en fait, ce qui remonte quand même à 2004... Pour ce grand retour, James McAvoy endosse non pas un, ni deux, ni trois, mais 24 rôles, qui correspondent au nombre de personnalités existantes à l'intérieur de son personnage, Kevin. La plus sombre et immergée de ces personnalités va cependant prendre le pas sur toutes les autres et obliger Kevin a faire des trucs pas très sympas à trois adolescentes. Que le film soit réussi ou non, la performance dingue de James McAvoy vaut très certainement le détour. Eddy Murphy peut aller se rhabiller.
Fences, de Denzel Washington
Premier film de Denzel derrière la caméra, Fences... attendez non ! En cherchant un peu on se rend compte que c'est sa troisième réalisation, et que les deux premières (Antwone Fisher et The Great Debaters) étaient déjà pas trop mal du tout. Dans Fences, donc, il se met en scène en père de famille adepte d'une éducation à la dure. Jeune, il a failli devenir joueur de baseball professionnel, mais a dû abandonner son rêve pour faire vivre sa femme et son fils. Alors quand son fils lui demande pourquoi il ne l'a jamais aimé, les sacrifices endurés lui remontent vite au cerveau. Denzel Washington traite ici, encore, de son sujet préféré : l'éducation et les valeurs dans les familles afro-américaines, mais il le fait avec un brio et une intensité rares.
Les Derniers Parisiens, de La Rumeur (Hamé Bourokba et Ekoué Labitey)
Les rappeurs de La Rumeur se sont donc mis en tête de faire un film. Le pire, c'est qu'il a l'air vachement bien. Au casting, on retrouve le génial Reda Kateb, un mec qui vient quand même de tourner avec Wim Wenders (Les Beaux Jours d'Aranjuez), et Mélanie Laurent, qu'on ne présente plus. Les Derniers Parisiens, c'est l'histoire de Nas, un gars de Pigalle, qui sort tout juste de taule. Comme il le dit lui-même, tout ce qu'il sait faire, c'est mettre son nom à Pigalle, ce qu'il va tenter de faire avec le concours involontaire de son frère Arezki, patron du bar Le Prestige. Rien que pour revoir Pigalle, son odeur de teuf, ses bars, ses terrasses et ses néons, sur un grand écran (après Pigalle la nuit), on s'y précipite.
Certaines Femmes, de Kelly Reichardt
Quatre portraits de femme. Quatre femmes dans une petite ville du Montana, qui se débatent avec la vie. Quatre femmes dirigées avec un talent fou et interprétées par quatre grandes comédiennes : Michelle Williams, Laura Dern, Kristen Stewart et Lily Gladstone. C'est à peu près tout ce qu'on peut dire de ce film, dont le trailer fait plus penser à un documentaire qu'à un film de fiction. Cette impression, elle est due à la caméra de Kelly Reichardt, grande artisante du cinéma indé américain, qui filme depuis ses débuts les femmes et leurs combats, bien en face, sans fioritures, avec une authenticité qui touche par la beauté naturelle qu'elle dégage, au milieu de décors grandioses. Epoustouflant.
