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Voir The Lost City of Z et s\'y perdre

Publié le 20 mars 2017 à 00h00

Modifié le 22 mars 2017 à 15h52

par La Rédac'

Comme tout le monde s'enflamme avec déraison sur le meilleur film de James Gray, un chef-d'œuvre qui apparemment fera date dans l'histoire du cinéma, l'apport d'un avis plus mitigé me semble nécessaire, autant pour légitimer cette enflammade parfois compréhensible que pour ne pas sombrer dans l'admiration béate d'un réalisateur qui, certes, le mérite, mais pas pour ce film. 


Un format novateur

Premier défaut, le héros du film, le major de l'armée britannique Percy Fawcett, est un personnage réel. Encore et toujours ce délire d'histoire vraie. Le thème de l'exploration est assez riche et la jungle amazonienne bien assez vaste pour ne pas avoir recours à une histoire pré-existante, qui cloisonne par définition le récit. Bon c'est pas très grave, l'histoire de cet explorateur disparu en 1925 est assez fascinante pour donner suffisamment de matière à Gray, qui a pourtant l'habitude de faire le point sur les personnages plutôt que sur les histoires. Ce sera en partie le cas ici encore, le personnage incarné par Charlie Hunnam étant sans trop d'équivoque le sujet principal du film. Du coup le résultat final est une sorte d'hybride entre biopic et film d'aventure. Un format original qui souffre cependant d'une certaine superficialité.

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Le loser magnifique

Le deuxième défaut, c'est le choix de l'interprète de Percy Fawcett. Charlie Hunnam semblait être une bonne idée : le mec est britannique et plutôt agréable à regarder, dans la veine d'un Brad Pitt période Fight Club, mâchoire et pectoraux saillants. L'ennui c'est que ce genre de physique appelle un personnage charismatique et sanguin, quand le Fawcett incarné par Hunnam est plutôt un family guy à l'ambition raisonnable, emporté presque malgré lui dans une quête personnelle et chimérique dont il sera victime toute sa vie. Voilà c'est ça, Percy Fawcett est une victime, d'abord de sa hiérarchie, puis de son attachement à un rêve de gloire mâtiné d'un humanisme sans nuance. Son ouverture d'esprit quant à la condition des indigènes comme sa volonté d'indépendance pour les femmes se heurtent vite aux mœurs de son époque, et son combat ne quitte jamais la dimension d'une éthique personnelle trop simpliste. Pas de transcendance humaniste ici, ni de positionnement chevaleresque, Fawcett est un simple explorateur aux yeux tournés vers une hypothétique cité perdue, qui avec un peu de chance valorisera les valeurs qu'il défend en lui donnant raison sur un point très important : une civilisation antérieure à celle de ses contemporains a existé, et peut-être bien qu'elle était plus développée. On aurait aimé un personnage principal plus dans l'action que la réaction, un winner plutôt qu'un rêveur. 

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James Gray, ce dealeur d'images

Les qualités maintenant, et il y en a plein. La première est la même que le second défaut : Charlie Hunnam. Si son personnage est un doux rêveur, cette charactéristique permet à Gray de développer le récit comme on navigue dans un rêve. Le spectateur dérive dans le film comme les explorateurs sur le Rio Verde, on flotte littéralement dans un déploiement d'images vaporeuses et étouffantes, sans savoir véritablement où le réalisateur nous emène. Tout ce qu'on sait, c'est que c'est diablement beau : le décor de la jungle amazonienne donne matière au songe, les visages sont fatigués, même les anicroches des uns et des autres se font sans énergie, si ce n'est celle du désespoir. On se perd dans une photographie verte et ocre, et l'apparente invulnérabilité du héros n'est pas faite pour nous sortir de cette agréable léthargie. En fait, on plane véritablement une bonne partie du film, et le beau visage de Charlie Hunnam n'y est pas étranger. 

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La deuxième est à l'image du film, paradoxale. On aurait aimé passer le film entier à naviguer entre le Brésil et la Bolivie, perdus dans la jungle. Mais véracité historique oblige (cf. premier paragraphe), quelques retours en Angleterre nous ramènent dans le réel, nous rappelant que les années passent (le récit s'étend sur une période allant de 1906 à 1925) et qu'il y a une histoire à terminer. La temporalité du film est de ce fait assez étrange, alternant entre passages strictement narratifs datés et errances tropicales. De l'Angleterre à l'Amazonie, le film n'est au final qu'une série d'allers-retours entre réalité historique et onirisme utopique, ce que James Gray gère avec une maîtrise impressionnante qui culmine en une scène nocturne au mysticisme évocateur...


The Lost City of Z, de James Gray
Avec Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller
En ce moment en salles

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