La ville d’Aix-en-Provence est un véritable musée à ciel ouvert. Son patrimoine exceptionnel fait qu’il suffit de se promener dans ses rues, et de lever la tête pour admirer des trésors d’architecture. La ville aux cent fontaines regorge d’un nombre faramineux d’hôtels particuliers, et derrière chaque façade se cache une histoire qui n’attend que d’être révélée. Le Bonbon t’emmène à la (re)découverte de quelques unes de ses bâtisses et te livre des anecdotes pour épater tes potes et te prendre pour Stéphane Bern. Attention classement complètement subjectif !
L’hôtel Maurel de Pontevès dit l’Espagnet
Cette bâtisse est l’une des plus emblématiques du cours Mirabeau, mais aussi l’une des plus anciennes. Elle fut construite entre 1647 et 1650 pour le négociant de tissus Pierre Maurel. Celui-ci ne tarda à gravir l’échelle sociale, et devient en 1653 trésorier des États de Provence. La façade se démarque par ses deux atlantes, d’une taille démesurée symbole de la richesse du marchand. Il faut aussi relever le caractère licencieux presque obscène de ces deux statuts. En effet, le drap qui leur ceint la taille laisse apparaître la naissance de leurs poils pubiens..
Hôtel Maurel de Pontevès dit l’Espagnet, 38 cours Mirabeau
L’hôtel Croze-Peyronetti
Il pourrait presque passer inaperçu, petit et trapu il n’attire pas l’oeil au milieu des hautes façades de la ville. De plus, il est aujourd’hui entouré de boutiques de vêtement aux néons clinquants. Pourtant cet bâtisse construite sous Henri II à la fin du 16e siècle, présente un style italien maniériste peu présent à Aix. Il est l’un des rares témoignages de son époque, et nous livre un aperçu des caractéristiques architecturales de son temps. Sa façade à bossage vermiculé, comme piqué par des vers, et sa porte richement décorée contraste avec la sobriété du reste de la bâtisse. À noter qu’à l’époque l’immeuble ne possédait d’un étage et ne fut surélevé que plus tard.
Hôtel Croze-Peyronetti, 13 rue Aude
L’hôtel de Carcès
Moins connu du grand public, cet édifice a été bâti en 1568 par Jean Guesnay, trésorier des États de Provence sur d’anciens jardins appartenant au Roi René. Vendu à la veuve du comte de Carcès, cette dernière lui donne son nom. En 1660, la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIV, séjourne avec ses dames de compagnie dans cette bâtisse. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle s’aperçut au petit matin, que des mauvais esprits avaient remplacé par le C du nom de l’hôtel par un G. La reine et ses dames furent très mécontentes d’être traitées de « Garces» et quittèrent sur-le-champ l’endroit. Le roi, lui, trouva cela très drôle. Aujourd’hui la plaque est revenue à son nom d’origine « Carcès ».
Hôtel de Carcès, 12 rue Emeric David
Le Palais de l’Archevêché
Situé dans la vieille ville ce bâtiment, construit en 1340 et agrandi jusqu’au 18e siècle, jouxte la Cathédrale Saint-Sauveur. Comme son nom l’indique, ce palais servait de demeure aux archevêques et montrait alors leur puissance. Mais au-delà de sa fonction ecclésiastique, cette bâtisse était également la résidence des rois de passage en Provence. Ainsi de François Ier à Napoléon III tous furent logés ici, et les accords, souvent secrets, scellés dans son salon. Aujourd’hui, il abrite le musée de la tapisserie et sa cour accueille chaque année le Festival international des Arts Lyriques.
Le Palais de l’Archevêché, 36 rue Gaston de Saporta
L’hôtel d’Albertas
Après un jeu de succession à faire pâlir d’envie tous les notaires de France et de Navarre, ce qui n’était qu’une maison bourgeoise devient vite l’un des plus importants hôtel particulier d’Aix-en-Provence suite a son rachat et aux constructions entreprissent par le marquis Henri Raynaud d’Albertas, premier président à la Cour des comptes de Provence puis par son fils Jean-Baptiste. On remarque, la petite place qui précède le bâtiment. Cette cour conçue selon la mode parisienne servait notamment aux carrosses à faire demi-tour, et ce n’est que bien plus tard, en 1912, qu’une fontaine y fût installée. À Aix, la rumeur court que pendant de longues années cette bâtisse fût une maison close et qu’encore aujourd’hui on peut apercevoir ce passé dans les ferronneries des balcons qui représenteraient des phallus. On laisse à votre appréciation de confirmer ou infirmer cette anecdote …
Hôtel d’Albertas, place d’Albertas
l'Hôtel Boyer d'Eguilles
l'Hôtel Boyer d'Eguilles fut bâti en 1672. Sa façade est partiellement cachée du public par un haut portail à carrosse. Contrairement aux hôtels particuliers aixois qui donnent le plus souvent sur la rue, celui-ci est protegé par une cour, suivant la mode parisienne. Sa façade baroque est agrémentée de pilastres cannelés monumentaux. Jamais achevé par manque d'argent, ce palais fut tour à tour le logement du Marquis d'Argens, grand ami de Casanova et libertain notoire, transformé en vermicellerie au 19e siècle, puis Musée d'Histoire Naturelle au 20e. Actuellement, il est le siège de bureaux et un espace est même à louer dedans. A vos chéquiers!
Hôtel Boyer d'Eguilles, 6 rue Espariat
Texte et photos: Pauline
photo de couverture: je-voyage.net